mercredi 25 août 2021

Cent articles !

Voilà, cet article est désormais le centième du blog et c'est donc l'occasion de faire un petit point d'étape puisque cela fait quelque temps que je n'en avait pas fait. Depuis son lancement en février 2018 forcément de nombreuses choses ont évolué et l'évolution n'est pas terminée. Pour une fois j'adopterai un plan un peu plus décousu que d'habitude et j'évoquerai divers points un à un en parlant de leurs possibles évolutions.

Allégorie de l'Écriture et de Histoire par Jan Punt - 1749
Dans les collections du Rijksmuseum d'Amsterdam

Le rapport à l'Histoire

Donc voilà, cent articles sur un blog destiné à d'abord parler uniquement escrime de spectacle et qui s'est retrouvé un peu plus riche que cela. Comme je le disais déjà pour l'article sur l'anniversaire du site j'ai très vite eu envie d'écrire des articles pouvant servir de références historiques et contextuelles pour les escrimeurs de spectacle. Étant historien de formation, ayant enseigné cette discipline et n'ayant jamais perdu cette passion il était assez logique que je m'y intéresse. Mon rapport à l'escrime de spectacle est directement lié à cette passion et c'est probablement pour cela que je m'intéresse tout autant à l'escrime historique et aux arts martiaux historiques européens (AMHE). Pour moi le geste et le contexte historiques sont la base de la pratique, j'accepte parfaitement qu'ils puissent être déformés pour des besoins de spectacle mais j'estime que cela doit alors être assumé. Pour cela on ne doit pas tromper le spectateur en prétendant reconstituer l'Histoire mais juste dire que l'on présente un spectacle d'escrime librement inspiré de celle-ci. Pour cela il faut déjà en connaître un peu pour savoir ce que l'on garde ou ne garde pas. De plus on ignore souvent des scénarios ou des techniques historiques qui feraient pourtant merveille en spectacle !

Notons que ce passé d'historien amène aussi avec une une méthode critique. J'essaie de me documenter au mieux sur mes thématiques, d'autant que j'ai désormais une meilleure connaissance des sites où l'on peut trouver de la documentation sérieuse et que j'ai désormais accès à la bibliothèque universitaire de ma ville. Néanmoins je suis d'abord un vulgarisateur qui synthétise et problématise les informations qu'il récolte et je peux tout à fait faire des erreurs. Il est donc légitime que j'accepte que l'on me corrige si l'on me présente les bonnes sources, les bonnes études ou les bons arguments. Notons que cela ne s'applique pas qu'aux faits et gestes historiques mais également à tout ce que je peux dire sur l'escrime de spectacle et l'escrime artistique en général : si vous n'êtes pas d'accord avec moi argumentez, et avec les bons arguments vous pourrez peut-être me faire changer d'avis !

Clio, la muse de l'Histoire par Virgilius Solis 1524-1562
Dans les collections du Rijksmuseum d'Amsterdam

Anonymat, collaborations etc.

Un grand changement également par rapport aux débuts du blog est que je ne suis plus seul et que je ne suis plus tout à fait anonyme. Le Baron de Sigognac a longtemps été la seule personne du milieu de l'escrime à être au courant de mon identité. Ce blog était d'ailleurs en grande partie le fruit de nos discussions et je lui demandais déjà son avis pour certains articles. Il était donc logique de l'inviter à rédiger quelques idées qu'il avait en tête et de l'inviter à collaborer au blog. Il est désormais membre à part entière du blog même si j'aimerais qu'il soit plus productif (oui, c'est une pique !). La troisième personne à rejoindre plus ou moins le blog est Marc-Olivier Blattlin. Sa collaboration est partie d'une proposition : à force de me faire critiquer pour mon imprécision en parlant d'espadon et de grandes épées à deux mains j'ai fini pas lui proposer d'écrire un article dessus et il a accepté ! Comme je le savais grand connaisseur de la rapière, de son histoire et de son maniement (surtout concernant l'escrime ibérique) et que ce sujet me semblait trop vaste pour moi je lui ai alors proposé par la suite d'écrire un article dessus ce qu'il a fait avec brio. Il a même rajouté un article sur les trahisons chez Godinho qui, je l'espère, pourra vous inspirer. J'espère bien avoir de nouvelles collaborations sur ce blog, que cela soit sous la forme de contributeurs ou d'articles voire de vidéos faits en collaboration avec des personnes qui ont des choses intéressantes à dire et qui pourront le dire mieux que moi. Enfin je dois mentionner Valeithel, une amie illustratrice à qui je demande de temps en temps des dessins, je vous invite donc à aller voir sa page ou son profil Instragram (et ce n'est pas ma faute si elle aime dessiner des femmes dénudées !).

L'anonymat était également un des aspects du blog pendant longtemps. Celui-ci me permettait d'abord d'être lu pour mes écrits, mes idées, mes réflexions et non pour la personne que j'étais ou ce que j'avais accompli. Nul ne savait si j'étais un Maître d'Armes ou un simple pratiquant et cela m'évitait également de me voire renvoyer des arguments d'autorité dans un monde beaucoup trop pétri de ceux-ci. Cela me permettait, en outre, de participer à des stages ou des galas comme n'importe quel pratiquant lambda ce que, j'imagine, il me sera désormais plus difficile de faire désormais.

Parce que voilà, on m'a fait, il y a un an et demi, une proposition que je ne pouvais refuser : commenter les championnats de France d'escrime artistique. On me l'a, de plus, faite sans même savoir qui j'étais, simplement parce que les organisateurs appréciaient mes articles. J'ai été ravi de cette expérience mais je savais également qu'elle entraînerait la levée de notre anonymat, y compris au sein de mon propre club puisque mon enseignant et les membres de celui-ci ont découvert qui j'étais à cette occasion. Ne rêvez cependant pas, vous n'aurez toujours pas mon nom relié à mes articles, mais bon, si vous cherchez un peu vous réussirez probablement à le retrouver. Je reste sur cette optique de mettre en avant mes réflexions et mes recherches plutôt que le reste. Mais du coup cela permet de faire des vidéos sans avoir peur de perdre un anonymat qui n'existe déjà plus.

Et comme je n'ai pas d'idée d'illustration pour ce paragraphe je vous remets notre vidéo ;-)

Réflexions et mûrissement

Au bilan de la chaîne on pourrait ajouter un mûrissement personnel, une évolution vers une meilleure compréhension et appréhension de la discipline. Si j'étais loin d'être novice à l'ouverture de ce blog je n'avais pas non plus les décennies d'expérience de certains. C'est d'ailleurs souvent le cas chez beaucoup de bloggeurs ou youtubeurs : on connaît des choses, on se pose des questions, on réfléchi et on a envie de partager ses réflexions. Car l'expérience n'est rien si elle n'est pas accompagnée d'une analyse et d'une perpétuelle interrogation de ses pratiques et des pratiques des autres, ce n'est qu'ainsi que l'on progresse vraiment.

Comme je l'ai dit plus haut, ma première approche était historique. En commençant l'escrime de spectacle je voulais combattre "comme les chevaliers ou les Mousquetaires", et quand je me suis aperçu qu'on en était loin j'ai voulu me rapprocher de cela. Alors, oui, je l'ai déjà dit, on ne sait pas exactement comment on combattait à l'époque, mais ce n'est pas non plus une raison pour se cacher et ne pas chercher. Et les chercheurs très sérieux sur ces questions qui en ont même parfois fait leur sujet de recherche universitaire ainsi que les pratiquants d'Arts Martiaux Historiques Européens ont produit des résultats. Évidemment ils sont partiels, évolueront probablement, mais l'escrime des temps anciens commence à nous être bien mieux connue, au moins à partir du XIVe siècle. Si l'on veut combattre "comme un chevalier ou un Mousquetaire" il semble logique d'utiliser le fruit de ces recherches à défaut de participer soi-même à celles-ci. On trouve de bonnes vidéos sérieuses si l'on se donne la peine de chercher et qui ne demandent qu'à être exploitées.

Mais mon approche ne s'est pas arrêtée là car au fur et à mesure que je progressais dans ma connaissance de l'escrime je m'apercevais également de l'incohérence de nombre de mouvements ou d'enchaînements que l'on m'avait appris. Beaucoup de mouvements n'avaient pas de sens du point de vue martial ou même, du point de vue de la logique de l'arme. De plus, la construction du combat n'était pas toujours très bien pensée avec notamment des successions d'attaques sans queue ni tête et des retournements de situation improbables. J'ai aussi voulu écrire et réfléchir sur ces points qui me semblaient tout aussi important. 

Néanmoins, sur la thématique de la construction d'un scénario de combat, des personnages, de son déroulé, je dois avouer que c'est la rencontre avec Florence Leguy qui m'a ouvert de nouvelles perspectives et a mis du sens sur ce que je percevais en partie mais qui était encore flou. Il y a toute une écriture du combat de spectacle, une progression à avoir et le début d'un bon combat ne doit pas ressembler à sa fin. Ainsi, certaines techniques auront plutôt leur place lorsque le combat vient de commencer et que l'on se jauge ou que l'on essaie de faire de la belle escrime tandis que d'autres, plus rageuses, seront bien plus intéressantes si on les place vers la fin de l'affrontement. De même y a des façons de poser les personnages ou même de déterminer quel type de personnage l'on est apte à jouer ou non, d'une manière générale je trouve vraiment intéressant de se pencher sur son personnage pour mieux construire un spectacle martial. Et il y en a bien d'autres comme les codes du public, les règles et le contexte du spectacle ou encore la bonne discipline sur une scène de théâtre. J'espère que ces points pourront être approfondis à l'avenir.

Vous l'aurez compris, ce blog est d'abord une réflexion à avoir du recul sur sa pratique même si parfois nous devons être un peu rudes dans notre approche parce qu'il faut parfois bousculer les gens pour susciter chez eux la réflexion. Je continuerais de mûrir ma connaissance de l'escrime de scène avec ce blog et j'espère que vous, lecteurs, m'accompagnerez également dans celle-ci.

Au fond l'escrime de spectacle est un art très complet qui fait appel à de nombreux talents. Toutes les Muses de la mythologie (ou presque) peuvent nous inspirer.
Minerve et les 9 Muses - Stefano della Bella 1620-1664
dans les collections du Rijksmuseum d'Amsterdam

Formats et réseaux

Enfin un dernier point concerne l'avenir du blog et sa forme. Vous avez probablement remarqué que nous avons sorti une vidéo, inaugurant ainsi un nouveau format de narration. Je dois avouer que le Challenge vidéo de la FFE a réveillé en moi une très vieille envie : filmer... D'autant que nous avions déjà envisagé quelques années auparavant, avec le Baron, de lancer une chaîne youtube consacrée à l'escrime de spectacle, projet qui a avorté lorsque nous nous sommes retrouvés séparés géographiquement. Il y aura donc probablement d'autres vidéos, sur cette thématique de l'escrime des XIVe-XVIe siècle ou sur d'autres, les choses sont ouvertes.

Néanmoins, rassurez-vous (ou non), le projet n'est pas encore prêt à se transformer en chaîne youtube et le format blog restera le plus important. Il est pour moi plus facile à faire puisque j'ai une grande aisance avec l'écrit et que cela me demande donc moins de préparation que de filmer une vidéo (même si certains articles m'ont demandé des dizaines d'heures de lecture des sources). Ajoutons qu'il est difficile de faire une vidéo sur l'escrime de spectacle seul et qu'il faut donc trouver des partenaires disponibles et les convaincre de venir nous donner un coup de main pour manier l'épée ou la caméra. J'ai toujours tenu à une certaine qualité dans mes articles et il en va de même pour mes futures vidéos. J'essaierai donc que celles-ci soient filmées dans une qualité correcte avec un minimum de cadrage, de montage et de préparation et ça, ça se fait difficilement seul. Pour moi l'intérêt d'une vidéo est d'abord de montrer ce qu'il est plus difficile d'exprimer par écrit.

Pour ce qui est des réseaux sociaux j'ai depuis quelque temps constaté une baisse de la lecture des articles à leur lancement. Je n'ai pas trop d'explications si ce n'est que Facebook, qui est ma principale source de diffusion, semble avoir beaucoup perdu en fréquentation. J'ai donc ouvert un compte twitter que je vous invite à rejoindre pour mieux partager mes articles. Ceux-ci sont faits pour être lus et partagés, c'est ma seule satisfaction puisque je n'en tire absolument aucun autre profit. D'ailleurs si vous avez des suggestions pour avoir une meilleure visibilité je vous invite à m'en faire part en commentaire.

Beaucoup trop de réseaux sociaux...

 ***

Voilà pour ce point d'étape, cela faisait quelque temps que je n'en avais pas fait et cela me semblait intéressant de me coller à cette tâche. Je suis toujours heureux de tenir ce blog, et encore plus quand il permet d'amorcer des débats et de faire avancer la réflexion sur l'escrime de spectacle. Nous continuerons tant que nous en aurons envie, avec forcément des périodes plus actives que d'autres. Écrire ces articles, y réfléchir, se renseigner sont des choses qui m'ont énormément fait progresser dans de nombreux domaines : mon approche de l'escrime de scène mais aussi ma connaissance de l'escrime historique et même d'un certain nombre de périodes historiques sur lesquelles je me suis penché plus sérieusement qu'avant. Le fracas des lames risque donc de continuer un peu...

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jeudi 5 août 2021

Non, non et non, ne faites plus ça avec une épée longue ! (vidéo inside)

Voici un article un peu particulier puisqu'il s'appuie sur une vidéo que nous avons tournée. Si celle-ci se suffit en elle-même, l'article est là pour donner quelques explications complémentaires à ce que nous montrons. Nous nous appuierons donc sur des extraits de celle-ci pour cet article. Si vous n'avez pas vu la vidéo complète vous trouverez un lien à la fin de l'article.

Comme expliqué en introduction, nous avons voulu revenir sur cet article où nous expliquions ce qui n'allait pas dans la plupart des combats d'escrime médiévale de spectacle auxquels nous pouvons assister. Après avoir écrit il nous fallait donc montrer. Nous avons eu l'occasion de le faire et nous avons ainsi pris deux épées, une caméra et après avoir recruté une troisième comparse nous avons filmé quelques techniques. Nous nous sommes ici concentrés sur des choses très basiques, il en manque donc beaucoup mais une vidéo mets du temps à être tournée et ils nous était clairement impossible de tout prendre en compte, sans compter que l'attention n'est pas non plus la même et que le spectateur aurait probablement été lassé beaucoup plus vite que sur un article écrit.

Je vous propose donc d'analyser un peu plus en détail trois éléments présents sur la vidéo.

Épée longue dans les collection du Musée de Leeds (1430-1450)
 

La tenue de l'arme et les attaques

(vidéo en fin de paragraphe)

La première erreur que l'on fait est souvent de mal tenir une épée longue. Beaucoup de gens tiennent les mains très rapprochées et serrent à fond le pommeau. Il est résulte des coups moins maîtrisés, de plus amples mouvements et une certaine brutalité. La meilleure méthode consiste à tenir la main directrice au niveau de la garde et l'autre main au niveau du pommeau. Celle-ci doit à peine tenir l'arme et doit être très mobile pour jouer sur l'effet de levier. Ainsi les coups sont aussi bien portés avec les bras qu'avec l'effet de levier. Celui-ci rend l'arme très véloce et permet des changements de direction de la lame très rapides, bien plus qu'avec une arme à une main. On met également moins de force et on retient son coup plus facilement.
Notons, pour être tout à fait précis, que la position avec les deux mains serrant le pommeau, plus ou moins écartée est également attestée historiquement. Ce n'est donc pas une faute historique de procéder ainsi, mais dans le cadre d'un combat de spectacle cela n'a aucun intérêt. Le public n'a qu'une infime chance de le remarquer et l'on recherche d'abord la vélocité et, surtout, la maîtrise de son arme. De fait, pour des raisons de fluidité de l'escrime mais aussi de sécurité, nous recommandons fortement de tenir la main non-directrice au pommeau.

La façon d'attaquer ensuite découle directement de cette tenue de l'arme. Dans le cadre d'une escrime civile il n'y a pas forcément besoin d'asséner d'énormes coups de butoir extrêmement armés. Martialement ça n'est pas sans intérêt, pour rendre difficile certaines parades, mais c'est loin d'être la seule option et, à moins de jouer certains personnages du type "brute" (voir mon article sur les types de personnages), ce n'est pas la meilleure option. Des coups moins armés, sans avoir besoin de grands couronnés sont bien plus rapides et secs, donnant une meilleure impression martiale. Je l'ai déjà dit ailleurs mais n'oublions pas que les épées longues, contrairement aux rapières à lame triangulaire, sont grandes avec un tranchant relativement large. Elles prennent donc bien plus la lumière par elle-même et sont bien plus visibles du public. De plus, même si nous nous attachons à rendre l'escrime la plus nerveuse possible, celle-ci reste tout de même un peu moins vive que ce que l'on peut faire avec une rapière à lame triangulaire et il n'y a donc pas besoin d'exagérer outrageusement le mouvement pour que l'on ait le temps de le comprendre.

Enfin, si vous voulez enchaîner quelques coups (ce qui demande tout de même à se justifier dans le scénario du combat) nous vous conseillons d'utiliser la technique du Zwerchau qui consiste à frapper alternativement avec le tranchant et le faux-tranchant de chaque côté, en gardant la lame plus ou moins sur le même axe horizontal. Cela permet de gagner en rapidité et justifie (en partie) un enchaînement de coups.


Les parades

Une autre erreur très fréquente est de pratiquer essentiellement des parades "de tierce" ou "de quarte" à l'épée longue. Si vous faites de simples parades d'opposition vous remarquez vite qu'il vous est alors difficile de riposter rapidement après une telle parade. En fait ce type de parade n'est pas vraiment attesté dans les traités de l'époque, ou ne serait alors qu'une parade de panique, de dernière minute, la chose à ne pas faire et l'on comprend pourquoi. Du coup, instinctivement, beaucoup d'escrimeurs poussent un peu leurs parades de manière à faire une sorte de semi parade du tac et c'est en fait très logique ! Alors pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et frapper directement l'arme adverse avant de riposter, soit dans le mouvement, soit en remontant en faux ou en vrai tranchant. Vous pouvez le faire depuis une garde basse comme dans la vidéo, vous n'aurez alors que très peu d'efforts à faire grâce à l'effet de levier que vous donnerez. Mais vous pouvez aussi le faire depuis une garde haute où la gravité vous aidera, ainsi vous aurez besoin de moins de force que l'on pourrait croire. En général, en escrime germanique, les mêmes coups sont utilisés pour attaquer et pour parer, sauf qu'on doit arrêter les coups pour attaquer quand la pointe arrive au niveau de l'ennemi alors que les coups pour parer doivent être poursuivi jusqu'à se retrouver dans une autre garde (garde basse depuis une garde haute et inversement).

Si cependant vous tenez vraiment à faire une parade d'opposition, ou surtout que vous êtes un peu pris ou prise de court vous pouvez alors tenter une parade "par suspension" qui correspond plus ou moins aux "prime", "seconde" et "none" que nous connaissons. Il convient de lever l'arme bien haut, la garde au-dessus de la tête pour protéger celle-ci avec le fort de la lame. Cette parade met moins à l'abri d'un enchaînement d'attaques par l'adversaire en Zwerchau, mais elle permet néanmoins de riposter facilement par un coup venant du haut.

Enfin, si vous voulez absolument parer en "quarte", assurez vous alors de le faire, non pas la pointe haute mais dirigée vers l'adversaire afin de pouvoir riposter en estoc. Vous pouvez le faire en vous éloignant du chemin de l'arme par en pas sur le côté ou, comme dans la vidéo, en utilisant la vota stabile préconisée par Fiore dei Liberi et vous mettre en position à la seule force de la rotation de vos hanches et de vos talons.

 D'autres techniques

Il convient enfin de faire un sort à quelques techniques ou situations que l'on voit souvent et qui ne correspondent pas à grand-chose. On commencera par les froissements qui ont pour principal effet de donner de l'élan à un coup pour l'adversaire tandis que l'on doit remettre sa propre arme en place après cette technique. Je n'ai pas souvenir d'en avoir vue la trace dans une quelconque source historique d'ailleurs. À la place vous pouvez soit frapper l'arme adversaire dans une parade soit directement opposer une contre-attaque (pour les escrimeurs et escrimeuses de spectacle un peu expérimentés cependant).

Faisons ensuite un sort à la volte qui n'est pas plus historique à cette époque qu'aux trois siècles suivants et qui est encore un peu plus ridicule avec une épée médiévale, surtout quand on attaque en première intention avec (ça s'est vu) !

Le cas du liement est un peu plus compliqué. Si on a souvent des situations de départ où les armes sont liées et où l'on attaque en coulé on ne trouve pas vraiment ces situations où l'on fait passer les lames d'un côté ou de l'autre en contrôlant celle de l'adversaire. Il lui est bien trop facile de se dérober. Non, le liage des armes est plutôt présent dans les échanges d'estoc, dans les pressions pour tromper l'adversaire ou dans la préparation d'une technique de corps à corps. Mais on ne voit pas ce genre jeu de force un peu maladroit auquel on assiste trop souvent dans des combats de spectacle médiévaux.

Enfin, le classique face à face, fort contre fort où les deux adversaires opposent brutalement leurs puissances physiques en tâchant de rejeter l'autre au loin... Eh bien en fait il y a tellement de techniques pour vaincre l'adversaire à partir de cette situation que personne ne cherchera à se retrouver dans celle-ci ! Nous en avons choisi deux mais il y en a au moins une dizaine.


***

Pour conclure nous espérons, comme dit dans la vidéo, que vous prendrez en compte nos critiques et recommandations. Ne le prenez pas mal, nous aussi nous avons fait la plupart de ces techniques avant de nous renseigner et de comprendre que, clairement, il fallait faire autre chose. Essayez, vous verrez que vous serez plus à l'aise, plus fluides, plus rapides et même plus beaux. L'escrime médiévale paraîtra ainsi moins brutale et plus technique, plus jolie. Libre à vous de la rendre néanmoins plus brutale, c'est possible même avec ces coups historiques !

Pour notre part nous avons bien aimé tourner cette vidéo et il y en aura probablement d'autres quand nous pourrons les tourner, sur la suite de ce sujet mais aussi sur d'autres sujets puisqu'une démonstration en images vaut souvent mieux qu'un texte, même si les deux peuvent tout à fait se compléter. Nous vous laissons donc avec la vidéo complète :