mardi 22 mars 2022

Osez créer ! L'art de décider.

Les gammes sont à l'escrime ce que le brouillon est à l'œuvre.
Baron de Sigognac, Milles et une brasseries.


Bonjour à tous ici le Baron de Sigognac,

J'espère que vous avez la forme car aujourd'hui, nous allons continuer le fil de mes idées suite à mes derniers articles (voir ici le dernier). J'y ai pu vous exposer comment j'envisageais techniquement de simplifier un enchainement pour mieux l'apprendre en le retrouvant étape par étape. Ou encore comment construire un enchainement du début à la fin.
Toujours selon une vision qui n'engage que moi et qui grossièrement se résume à ceci :

  Pour construire / enrichir : 
  1. Offensive simple de pied ferme
    • distance d'allongement du bras en se rappelant qu'on est à distance de touche avec le faible pour taille et entaille et qu'en cas de coup d'estoc on est hors de cette distance : la pointe s'arrêtant avant sur un bras allongé, bla bla bla... tu sais. 
  2. Offensive simple sans préparation
    • Départ de pied ferme suivi d'un développement : fente, demi passe, changement de garde, marche, latéral, linéaire, diagonale… 
  3. Offensive simple avec préparation de jambe
    • Faire précéder votre développement de préparation de jambes 
  4. Offensive simple avec préparation de jambe et de bras
    • Rationaliser ses gardes et positions de mains pendant les préparations de jambes
    • Rajouter les préparations au fer
  5. Offensive composée avec préparation de jambe et de bras
    • Intégrer des feintes à nos offensives
Pour déconstruire / simplifier : 

  1. Offensive composée avec préparation de jambe et de bras
  2. Offensive simple avec préparation de jambe et de bras
  3. Offensive simple avec préparation de jambe
  4. Offensive simple sans préparation
  5. Offensive simple de pied ferme
  6. Montrer la cible 
Remarque : je reprécise que je trouve cette liste incomplète. 

Fort de ceci, j'avais indiqué avoir mis en retrait, pour les besoins de mon propos, l'aspect scénique des choses. 
Il me semble temps d'y revenir et quoi de mieux que de commencer par l'acte créatif lui même : la décision. 


Œuvre de Kim En Joong à Auvers, commune de la Manche. Et non ! Ce n'est pas du hasard. 

 

Créer c'est décider !

 

L'incertitude et la décision : un acte angoissant, permanent et indispensable à la création.

L'escrime de scène étant ce qu'elle est, la diversité des demandes, contraintes, styles et choix à notre disposition amènent vite le passionné, à se rendre compte de l'océan d'incertitude qu'elle représente. Dois-je être réaliste, hors sols, de telles styles ? Suis-je un personnage expert, débutant … ? Quelles cibles ? Quelles préparations ? Le scénario, bien ou bien ?
Cette situation, que dis-je ? Ce gouffre ! Cet abime peut vite mettre mal à l'aise l'inexpérimenté ( et pas que ) face à la plus simple, mais ô combien complexe injonction : "Crée !." 

En effet, "Que faire ?" toute excellente question soit elle, détient sa part d'angoisse.  Peur de se tromper, de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir faire etc... 
Pourtant il faudra bien commencer. Choisir, discuter, décider. La création est à ce prix. 
De là commence souvent, bon an, mal an, une recherche  (pertinente) de guide, de méthode, de repère. Une de ses premières manifestations  passe par le mimétisme : on aime bien voir quelqu'un faire, ou mieux, nous dire comment faire. 

Sur ce constat, nous sommes nombreux à essayer d'aider nos élèves ou frères et sœurs d'armes à travers l'acquisition d'enchainement préfabriqués. Des gammes, voire des combats d'écoles auxquels, en fonction de nos objectifs, nous laisserons plus ou moins de libertés. De quoi nous inviter à nous pencher sur ces stratégies à l'aune de notre objectif ; créer, faire créer. Faire décider tout simplement. 
 

La gamme une réponse séduisante, mais empêchant, par nature, la prise de décision.  

Le mieux que je puisse dire sur la gamme, c'est qu'elle occupe une place paradoxale. Je n'en suis pas un amateur. Je vous renvois à mon article. Dans le même temps, je comprends les arguments en sa faveur, dont celui  d'aider nos partenaires/élèves à pratiquer. Et malgré tout ce que je vais dire dans les prochaines lignes, oui, j'en use aussi.

Votre serviteur après cet aveu.

Je vous en parlerai un jour. Là j'ai trop la honte... Nan, je plaisante ! Mais je vais écrire ça en tout petit quand même. 

L'avantage des gammes : enlever la responsabilité de la décision.

Les résultats sont souvent intéressants. Le cadre posé par ces outils permet aux pratiquants de pratiquer. Ce qui est important : un élève qui a peur de pratiquer est un élève qui disparait. L'urgence est donc de le mettre en action. Ce que la gamme sait faire ; bien faire. 
De plus, par la répétition, le jeu et l'habilité des conseils qui sont donnés, l'élève/partenaire ou nous mêmes allons commencer à se sentir suffisamment à l'aise pour, peut être, se poser les bonnes questions : la gamme me dit d'aller au flanc, mais pourquoi n'irais-je pas à la jambe armée ? etc. Ces exercices ont donc le mérite de nous accompagner dans une phase critique de notre apprentissage, prendre confiance en nous et amorcer nos premières réflexions d'artistes. Ce en soustrayant la responsabilité initiale du groupe à décider de ce qu'il va chorégraphier. Et donc cette difficulté.

Ils pratiquent, je pratique, nous pratiquons et de nos répétitions nait la notion. 

Alors où l'affaire se plaide ? Les gammes et associés n'offrent que du positif. Utilisons les, point, formons nos cadres à ça ! Arrête de nous prendre la tête et… C'est vrai, merci, c'était tout pour moi. je vous dis à la proch...HO ! ON RESTE CALME ! 

Le désavantage des gammes : enlever la responsabilité de la décision.

J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur les limites des gammes, notamment en spectacle. La question de la transition de la gamme vers la chorégraphie se pose, par exemple. Tout comme, in extenso la valeur créatrice de ce qui est jouée. ( revoir Sus aux gammes ! ) 
Si la gamme doit aider l'élève à créer, il faudrait, en réalité, qu'elle se cache les jours de prestations, pour ne laisser place qu'à la chorégraphie, l'art. Or, ce n'est pas toujours ce que nous observons. Ce dans des proportions qui ne laissent pas indifférent. 

Pourtant, les moyens pour nous amener à ce stade semblent nombreux : liberté de changer les cibles de l'enchainement, en rajouter, les répartir, enrichir les actions par des feintes, esquives, actions aux fers, le jeu de scène…De quoi m'interroger : où cela peut-il bien coincer ? Parce que les gammes, nous les voyons sur scène ( du moins, suffisamment pour nous interroger ), et même s'il est facile de cracher sur les enseignants, bénévoles comme professionnels, cela n'aide pas à avancer.  Oserais-je dire que c'est même puéril.   

Bref, pour revenir à nos moutons, j'aurais tendance à dire que la raison majeure vient de l'absence initiale de décision, justement. 
Je sais c'est un peu subtil et je suis navré si cela sonne abscons : placer abscons en étant un gros c... check 

Tout aussi vrai que puisse être la maxime "De la répétition nait la notion" et l'importance réelle de la pratique qu'elle défend, il n'en demeure pas moins que cette pratique seule ne semble pas suffire. Pas toujours en tout cas. 
En réalité, tout dépend de quelles répétitions nous parlons. Sur le plan de la pratique physique, la gamme n'a rien à envier à d'autres exercices, au contraire. Par contre, si on intègre la question de la décision, c'est davantage discutable. 

Ainsi, quand je déclare qu'à travers une pratique axée sur des gammes nous allons peut être pouvoir nous poser les bonnes questions, comprenons que c'est le "peut être" qui embête.  
Décider c'est comme tout, ça s'apprend. Nous pouvons proposer, sur une gamme, autant de prises de libertés que possible, il n'en reste pas moins, qu'à la base, l'enchainement est imposé. La gamme étant ici perçue comme un enchainement pédagogique codifié dont la base ne changera pas tout les quatre matins, sauf pour une autre plus conforme à nos besoins du moment. 

De fait, même en se donnant dans l'esprit toute liberté pour la modifier, les possibilités en pratique sont déjà réduites. La gamme par ses cibles, ses mouvements, nous influence et nos tendances de modifications ne seront pas les mêmes sur une croix, qu'une montante …
Pire, habitués à modifier des enchainements préfaits, nous risquons fort, au moment de créer, de reprendre directement ces enchainements dont nous ne maitrisons pas conceptuellement la raison d'être.
Imaginons que vous faites travailler une gamme comme la croix (aussi nommée "huit"). Êtes-vous certains, sans garde fou de ne pas influencer vos élèves à aller aux jambes après une attaque à l'épaule, même si vous demandez une création libre ?


Cathédrale St Paul, Liège selon une œuvre de Kim En Joong, 
Parce qu'on allait pas faire des vitraux contemporains dans une Cathédrale. 

D'ailleurs, pourquoi en serait-il autrement ? Si c'est ce que nous avons toujours fait ou proposé. De quoi retrouver les dérives que nous connaissons : gammes visibles car peu modifiées ou parce que la construction chorégraphique peut se résumer à enchainement proche d'une gamme 1 suivi d'une 2, je ne vous refais pas le dessin.
 
Retirer à l'élève, pour l'aider, la responsabilité de décider, l'empêche de décider tout court. Or après la nécessité de faire pratiquer (en sécurité) nos élèves, les aider à décider par eux même m'apparait prioritaire. Dans l'hypothèse, bien entendu, où nous voudrions accompagner des artistes en devenir. En effet, j'ai l'idée que la "vraie" valeur de notre discipline se trouve dans nos propres réflexions artistiques.

Après, si disposer de simples exécutants est tout ce qui vous intéresse, ce n'est pas pareil. Soignez votre discours ceci dit. Il ne faudrait pas que l'un d'entre eux se vexe !

Je caricature et plaisante bien sûr. La réalité est comme vous en doutez plus complexe et nuancée. 

Par exemple, pas mal de nos élèves arrivent naturellement à passer ce cap d'eux mêmes, ce fut mon cas comme pas mal de mes camarades de l'époque, mais je crois sincèrement que nous pouvons accélérer cette prise de conscience si nous mettons la décision dans le cœur même de nos pédagogies. Non pas par amour d'une liberté donnée à chacun, mais parce que décider aide par la pratique à trouver des idées, puis du sens à nos actions. Ce bien avant de pouvoir conceptualiser. Un point qui va nous forcer à aborder un peu la forte présence de l'empirisme dans notre discipline. Au point de ne pouvoir s'en passer dans notre quête de sens scénique et artistique, rendant d'autant plus nécessaire le besoin de choisir. 

Décider et pratiquer, les premiers pas d'une quête de sens artistique et créatrice. 


Allons y.
Décider crée. Même si la portée de cette création nous échappe souvent au début : l'effet de telle préparation, l'émotion dégagé par telle expression... 
Puis, une fois que nous commençons à y voir plus clair, l'envie de jouer consciemment avec les effets de nos décisions ( en terme d'émotions, de visuels ) s'impose.
  
L'ensemble constitue l'une des difficultés qui freinent la prise de décision. Ne pas comprendre le sens de nos choix n'aide pas à avoir confiance en ceux ci. Cela nous rends donc en recherche de guide, d'exemple, de compréhension. Et comme nous ne pouvons pas attendre d'être capable de disserter sur la valeur d'une attaque à la tête dans tel ou tel contexte, il faudra bien commencer à créer sans. 
Alors, partons sur un huit et… ON A DIT QUE NON ! BORDEL ! Pardon

C'est là qu'encourager la décision, trouver des moyens pour que nos élèves explorent, s'affirment malgré leur doute prend toute son importance. 
Maitriser son escrime, savoir comment elle s'inscrit dans son art, est un atour majeur. Cela donne la capacité de créer des chorégraphies en s'aidant de plus en plus de notre esprit ou de mieux comprendre comment modifier celle des autres, que ce soit à partir d'une gamme jusqu'à une création originale et complète. 
Cependant, pour atteindre ce résultat, la pratique et l'empirisme constituent un passage obligé qui perdura d'ailleurs, bien après que nous aurons commencé à nous positionner en tant qu'artiste. Nous décidons, cela semble intéressant, puis non, puis on s'interroge, on trouve que dans tel cadre c'est intéressant, moins dans un autre avant de mettre des mots sur toute l'affaire : théoriser en un mot, ce afin de mieux créer ensuite et recommencer. 
Décider pour comprendre, comprendre pour décider, pourrions nous dire. 

Ce que la gamme en tant qu'outil d'apprentissage ne me semble pas le mieux adapté. 

Attention, les gammes offrent des résultats, je ne le nie pas, mais à la condition que celui qui la propose comprenne parfaitement ce qu'il cherche avec. Et c'est davantage cette difficulté pratique à donner du sens scénique à ces enchainement qui me force à m'en méfier.
Mais n'allez pas croire que vous faites du mauvais travail si vous en usez habituellement. Je le redis, j'en use aussi. Soyons juste attentif et rigoureux sur ce que nous voulons apporter à nous même, nos camarades, élèves et public . 
 
Quoiqu'il en soit et à la vu de tout ceci, je vous propose d'aborder quelques pistes pour mettre davantage la décision dans nos entrainements et créations.   


Vous ai-je déjà dit que j'aimais Kim En Joong ?

Accompagner et s'accompagner dans nos décisions. 

Comme d'habitude, je ne vous propose pas quelque chose d'exhaustif, mais je l'espère suffisamment précis pour vous amener quelques réflexions. 

Nous aider à prendre des décisions passe par répondre aux blocages que nous pouvons rencontrer devant l'incertitude. Ci dessous, vous trouverez celles que j'identifie souvent, même si j'ai conscience qu'on peut plus subtil : l'absence d'idée, la difficulté de choisir dans un éventail de possibilités plus ou moins méconnues,  la peur de ne jamais pouvoir revenir sur nos décisions. 

Trouver ses îlots de certitudes dans un océan d'incertitude. 


Au commencement de l'enchainement était encore la cible. 

En ce qui concerne l'absence d'idée, l'un des points sur lequel nous pouvons jouer est l'ampleur de la tâche qui est demandée. Si déterminer une chorégraphie de quatre actions peut impressionner un débutant, choisir quelque chose de moins ambitieux comme une cible est tout de suite plus abordable. 
Tout comme simplifier une technique permet parfois de mieux l'aborder avant de la maitriser dans toute sa complexité. Ce qui nous renvoie encore sur la notion de cible. (Je sais, j'insiste.)
Nous n'avons peut être pas d'idée pour un enchainement, mais c'est surement différent pour une simple cible. Et si nous répétons l'opération trois ou quatre fois, nous obtenons, sans y penser, un enchainement. Même si nous avons répété quatre fois la même  (Je vous vois bande de petits malins.) 
Nous avons juste adapté mentalement notre raisonnement pour réussir la tâche.
Je ne pense pas à créer une chorégraphie ou un enchainement, mais x cibles et si je ne réussis pas à être à l'aise, j'en décide une, puis je recommence l'opération. Qu'importe si je reprends la même, que cela n'est aucun sens au final. Je décide et obtiens quelque chose ; ce qui in fine m'accompagnera petit à petit à trouver du sens. Avec un peu d'aide quand même, mais c'est déjà ça. 

Dans le doute prends la tête ! 


Le deuxième point sur lequel intervenir est d'avoir dans notre arsenal, une cible par défaut lorsque l'inspiration nous manque. Pas un enchainement ou une gamme, mais bien une cible. Cible que nous utiliserons dès la moindre hésitation. 

Elle peut aussi bien être une cible typique de l'arme utilisée ou celle que vous affectionnez.
L'idée sous-jacente c'est qu'à défaut d'avoir une idée autant prendre une cible sur lequel nous risquons peu de nous tromper, dans le sens de devoir modifier plus tard. La tête a l'avantage de la polyvalence, par exemple, mais si nous savons user d'une épée longue, la cible d'un zornhau (la jonction du cou et de l'épaule) pourrait parfaitement convenir. Tout comme l'estoc pour une épée de cour ou une rapière.
L'avantage de ces choix par défaut et d'éviter de nous bloquer sur une cible et de passer à suite. Mais aussi gagner du temps dans nos prises de décisions. De quoi constituer un îlot de certitude quand le doute nous habite. Un îlot que nous ferons fort d'exploiter dès que le besoin s'en fera sentir. 

J'ai choisis tête, puis ventre pour la première et deuxième cible. Je dois déterminer une troisième cible, mais je n'ai pas d'idée ou je ne suis pas sûr de moi. J'ai l'habitude dans ce cas d'aller à la tête. Dont acte. L'aventure continue. 
Loin d'être anodin, savoir comment se dépatouiller devant l'absence d'inspiration évite énormément de stress et d'inquiétude. Au contraire, cela ne peut que renforcer notre confiance, voire stimuler notre imagination et notre compréhension, la peur de ne pas y arriver étant un vrai frein. 

Faire et défaire c'est toujours faire. 


Enfin, cette croyance que nos choix sont définitifs.
Nous savons que c'est faux, mais il n'empêche que cette idée en mystifie plus d'un, souvent inconsciemment. Débutant comme confirmé. 

Pourtant, il est normal que nos chorégraphies évoluent en permanence : des cibles se rajouteront, s'enlèveront, nous enrichirons des passages, les simplifierons plus tard, avant de nouveau les enrichir… (je vous renvois à  Pourquoi mettre en scène l'escrime ancienne n'est pas si compliqué ; Construire et reconstruire, l'art d'enrichir ses chorégraphies.sur ses questions)
Un moment, certes, nous considérerons que l'œuvre sera terminée. Cependant ce ne sera pas parce qu'elle est objectivement finie, mais parce que d'un commun accord avec nos partenaires, nous avons conclu que nous n'y toucherions plus.

La Joconde, Léonard de Vinci. Un chef d'œuvre peut être inachevé.


Néanmoins, il semble inutile et contre productif de chercher de suite le mouvement parfait. D'une part parce que c'est un poil présomptueux et que d'autre part il existe un écart, doux euphémisme, entre ce que nous imaginons et son rendu. L'imaginaire ne peut se passer du réel. Alors, ne nous prenons pas la tête et laissons nous porter par les deux au fil de nos séances et échanges. L'un entrainant l'autre et vice versa. 
Certes, plus vous serez expérimenté et plus des fulgurances verront le jour. Une facilité acquise grâce à votre culture et vos connaissances, mais qui ne vous dispensera pas de revenir sur vos idées, les préciser, intégrer celles de vos partenaires... bref construire et déconstruire votre œuvre pour son plus grand bien. 

Remarque : je ne vous déclame pas ici une ode au chaos. Certes, la création tient un peu de ça, mais n'allez pas croire que vous modifierez aussi simplement vos décisions que vous les avez prises. Cela demande un effort supplémentaire.  Votre chorégraphie sur le long terme, développera une identité propre, rendant certaines modifications difficiles, car interdépendantes, (mais pas impossibles.). Tout comme vous aurez sûrement d'autres chats à fouetter avec vos partenaires. D'autant que leur accord sera nécessaire à toute modification (sérieux, surtout ne changez rien sans avoir leur aval !).   

Donc pour résumer notre propos sur comment nous accompagner dans nos prises de décisions: 

1 Ne pas hésiter à raisonner en cibles plus qu'en enchaînement.
2 Avoir au moins une cible par défaut en cas de panne d'inspiration. 
3 Choisir d'autant plus aisément que nous pouvons revenir à tout moment sur nos décisions.

Père castor raconte nous une chorégraphie. 

Pour finir, je voudrais insister sur le fait que nous ne travaillons pas seul. Vos partenaires seront un soutien important dans votre apprentissage. 
Par exemple, dans le cadre d'une création de duel, votre partenaire et vous pouvez dans le choix de cibles vous répartir la responsabilité de la décision : chacun choisit à tour de rôle, ou toute les deux cibles … 

De quoi discuter entre vous et vous enrichir d'autres raisonnements que les vôtres, mais vous pouvez aussi ne pas vous limiter à votre camarade et profiter du groupe entier. 

En ce sens, je voudrais vous présenter un exercice que j'affectionne particulièrement. J'ai nommé "Père Castor raconte nous une chorégraphie.".


Le castor, Renée Rose


L'objectif de cet exercice est de faire participer l'ensemble du groupe à la création d'une chorégraphie. Généralement quatre à cinq actions. 

Deux personnes, ou plus si combat de troupe, vont jouer les exécutants. Les autres vont proposer, pour chaque action, une cible, l'offenseur, le défenseur, voire la nature de la défense. Chaque proposition est soumis au vote du groupe. Par exemple si vous proposez une tête est que le groupe est d'accord dans sa majorité, elle sera validée. Dans le cas contraire, d'autres propositions seront entendues. 
Pour aider cette prise de décision collective, les exécutants jouent la cible proposée et toutes celles précédentes. Au moins de pied ferme suivi d'un développement. Cela permet au groupe de s'imprégner du visuel. D'ailleurs, si plusieurs propositions arrivent en même temps, faites les toutes tester avant de décider. 
Pour illustrer davantage, imaginons que soit soumis à l'avis du groupe un flanc comme troisième cible pour le joueur 2. Le groupe a déjà choisi tête, flanc pour le joueur 1 comme première et deuxième cibles
Les exécutants, joueront donc la tête et le flanc du joueur 1 avant de continuer avec le flanc du joueur 2. La volonté ici est d'intégrer chaque cible dans son contexte. Ce afin que les propositions du groupe s'appuie sur une situation concrète : la proposition venant du fait que, juste avant, le joueur 1 a repris au flanc et que le joueur 2 est en tierce ou en seconde haute. 

Une fois la chorégraphie "complète", chaque duo est invité à s'entrainer dessus, puis, plus tard, à procéder à des modifications ou enrichissements. ( encore une fois )

Remarque 1 : l'avantage majeur que je trouve à cet exercice est de contribuer à diluer la responsabilité de la décision à l'ensemble du groupe et non un simple duo. Sans la supprimer pour autant.

Remarque 2 : si une personne n'aime pas le choix du groupe, libre à lui avec son partenaire de modifier la chorégraphie, quand le temps sera venu, pour tester ses propres solutions. C'est ce que l'on vise après tout. 

Remarque 3 : vous vous rendrez compte qu'une fois des modifications et enrichissements fait, il sera très difficile de repérer que chaque duo est parti de la même base. Bon, c'est moins vrai si la chorégraphie n'a que trois actions, mais déjà vous constaterez une certaine diversité. 


Sur ce, il est temps pour moi de conclure cet article en vous souhaitant d'excellentes créations.
J'ai hâte de pouvoir les apprécier comme il se doit. N'oubliez pas ! Vous êtes déjà des artistes sans le savoir. Soyez confiant, amusez vous, testez, persévérez. Osez créer ! 

C'était le Baron de Sigognac. Je vous dis à la prochaine et d'ici là portez vous bien.  

Le Baron de Sigognac. 









2 commentaires:

  1. Bonjour, je vais prendre le temps de lire. De beaux dessins et images. Merci !

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    Réponses
    1. Vous êtes le bienvenu. N'hésitez pas à lire d'autres articles si cela vous intéresse.

      Bien à vous
      Le Baron

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