Bonjour à tous ! Ici le Baron de Sigognac.
Je sirotais le troisième porto de mon petit déjeuner, celui de treize heures du matin, quand soudain ce minable de capitaine — la meilleure part de moi même selon la plèbe sans dents et trébuchante — déboula à travers la porte de ma demeure.
Et par au travers, j'entends au sens littéral. La faute à tout ce made in china.
Que voulez-vous quand on est de noble extraction l'apparence est supérieure à l’efficacité, la solidité, la viabilité et tant de rimes en é. Au point de me rappeler cette épisode de mon enfance ou mon père, fin raide qu'il était, se prit le chandelier qui se brisa, aussi bien que je m'éparse, sur le choc.
Bref, voici donc que d'aventure, le capitaine, de sueur et sciure, dégueulassait mes parterres et ma devanture.
Ce pour débattre. Ha ! Débattre !
Pourquoi pas me direz vous. Après tout, nos rapports se limitent bien à ça. Parler, se gausser, s'insulter, se maudire, esgourder l'autre dans ses délires sur l'escrime ; sa chorégraphie ; l'Art. Hé oui ! L'Art avec un grand A. Sérieux ! Initié ! Majeur ! Et en aucun cas facile, mineur comme le dénonçaient Gainsbourg et son théorème. Théorème dont je vous laisse imaginer la catégorie, mineur ou majeur, qui vous "convint" le plus de vivre d'amour et d'eau fraîche. Voire que d'eau fraîche dans mon cas. D'où mon goût pour le made in China. D'où ma porte ! D'où le capitaine passant à travers elle ! D'où se paragraphe bien trop long ! D'où la preuve que je suis C... Hallelujah , mes amis ! La boucle est bouclée ! Le chat sur ses pattes ! Le sens de ma vie m'est donné !
En l’occurrence, il s'agissait surtout d'argumenter auprès de deux faquins, à sa course, qui tels les tire-laines cherchaient querelles. Une histoire de mots mal choisis par son sérénissime baron en plein championnat des plus belles chorégraphies françoises.
Le ridicule ne tue pas certes, mais l'arme à la main, le malandrin le feint.
Les talents d'orateurs de mon fer ayant tôt fait de régler l'affaire, je me pris à admirer la nouvelle teinture de mon parquet. Occasion laissée à mon jumeau maléfique de me défier.
Sa façon à lui de me remercier. Une bizarrerie de plus à mettre sur le compte de ses coutumes.
— Serais-tu capable de proposer une chorégraphie à partir d'une musique ?
Mon rictus égala un temps celui du feu âne bâté que je décidais de traîner dans mon jardin pour mieux l'y abandonner.
Une musique ? Parbleu ! Pour sûr que je le pouvais ! Même le dépasser si je m'appliquais.
Le deal et ses modalités conclus, le choix des musiques vint assez vite.
"Voodoo mon Amour" de Diablo Swing Orchestra pour le capitaine. ( Pour voir l'article c'est ici. )
"The Cold Song" de Klaus Nomi pour moi et que vous pouvez écouter juste en dessous.
Réflexions préliminaires et inspirations.
Vous vous attendez sans doute à de longue digression sur l'origine de la chanson, son contexte etc.
Alors puisqu'il le faut :
Reprise de Cold Genius blablabla Opéra King Arthur blablabla Purcell.
Navré, mais pour les détails historiques voyez avec le capitaine. D'autant que cela me fut peu utile pour mon étude.
En effet dès ses premières notes, l’œuvre m'évoqua un aspect dramatique et épique propice à un combat déséquilibré en nombre. Un beau numéro de troupe.
Sur cette idée, aidée de quelques visions, je regardais les paroles qui par métaphore amenait le thème de la mort, mais aussi de la résurrection indésirée ( les phrases en gras principalement ) :
What power art thou
Who from below
Hast made me rise
Unwillingly and slow
From beds of everlasting snow
Who from below
Hast made me rise
Unwillingly and slow
From beds of everlasting snow
See'st thou not how stiff
And wondrous old
Far unfit to bear the bitter cold
And wondrous old
Far unfit to bear the bitter cold
I can scarcely move
Or draw my breath
I can scarcely move
Or draw my breath
Or draw my breath
I can scarcely move
Or draw my breath
Let me, let me,
Let me freeze again
Let me, let me
Freeze again to death
Let me, let me, let me
Freeze again to death...
Let me freeze again
Let me, let me
Freeze again to death
Let me, let me, let me
Freeze again to death...
Une interprétation personnelle, dirais-je, mais qui m'éclaira sur la teneur de ma chorégraphie.
D'une part, le côté métaphorique me tirait vers des références fantastiques qui m'inclinait vers l'intemporel : plus permissive par son ouverture aux mondes de l'imaginaire.
D'autre part, la supplique de fin, ce désir de retour vers la mort, rappelait le Mort joyeux de Baudelaire ; la dimension gothique propre aux Fleurs du Mal. De quoi rendre l'usage de la rapière symbolique tant elle s'associe avec la noblesse. Une noblesse déchue, qui même animé par la nostalgie de son âge d'or, aurait du mal à la revivre.
C'est ici la réunion des Fans de Anne Rice refoulés ? |
On est d'accord que je n'affirme ici aucune réalité historique ou sociologique. Juste une idée que la musique me plait à développer.
Nous aurions donc un numéro de troupe intemporel avec pour arme des rapières. Lame plate, restons sérieux.
Je suuuuiiisss sérieuuuuuusssse ! |
Reste à préciser le scénario :
Le Synopsis.
Le thème de la résurrection invite à envisager celle d'un personnage. Disons le héros. Mort au début de la saynète ou très vite après. Ce serait lui qui serait le narrateur des paroles de The Cold Song. L'acteur ne chanterait pas, mais le texte de la chanson serait l'expression de sa pensée vis à vis de cette vie retrouvée. De fait, son désir de mourir pourrait être l'ultime demande de ce dernier envers la cause de son retour. Comme une mission inachevée : protéger un proche, par exemple. Sa femme, une personne importante : roi reine... Mission qui serait achevée au cours de la chorégraphie.
Je pris ce parti et sacrifiais sans doute de meilleures possibilités, mais je suis mauvais qu'est ce que vous voulez.
Le décor prenait forme : un homme noble, ferait face à une bande qui détiendrait celle qu'il avait juré de protéger. D'un rang supérieur au sien et que nous nommerons princesse par abus de langage.
Au début, avant que la musique commence, le spectateur assisterait à la mort du héros, traîné des coulisses par ses adversaires victorieux devant la princesse détenue.
Un échange dramatique entre les deux aurait lieu, puis l’exécution serait rendue. Désespérée la princesse supplierait son serviteur de se relever, son ami, son amant ? L'hilarité des ennemis pourrait rajouter un effet intéressant, bien que dispensable.
La musique débuterait alors et le héros renaîtrait de ses sens. Surpris, ses adversaires, le verraient déambuler de façon maladroite comme si la mort conservait son emprise.
A ce moment l'un d'entre eux tenteraient de l'abattre à nouveau et se ferait tuer sur la riposte d'un geste rapide et efficace. Celle d'un expert. ( revoir : Une tentative de typologie des combattants. ). Un contraste d'autant plus saisissant pour le public que la démarche du héros resterait proche de celle d'un zombie hors combat. Combat qui s'engagerait à un contre trois amenant la bande à quatre personnages, dont au moins un noble avec sa garde d'élite.
Genre pas ça ! |
J'insisterais sur le fait que les antagonistes soient eux aussi de bons combattants. Ne serait-ce que pour expliquer pourquoi de son vivant, le héros n'a pu les vaincre. D'ailleurs, ce dernier se ferait de nombreuses fois blesser, mais n'en serait qu'à peine déstabilisé. Ce jusqu'à en profiter pour tuer un deuxième qui croyait l'avoir occis de nouveau. J'envisagerais de rendre ses blessures de plus en plus graves ; de l'estafilade à l'arme clairement plantée que le héros extirperait avec indifférence.
Mieux. |
La peur gagnerait ainsi la bande qui périrait un par un. Leur chef tenterait même de menacer de tuer la princesse, mais devant l'absence de réaction du héros qui se contenterait d'approcher, il abandonnerait le projet pour défendre sa peau et la perdre.
Le héros tomberait dans les bras de la princesse qui, sur sa demande, le tuerait d'un coup de dague. Coup qui réussirait son œuvre cette fois puisque le héros aurait enfin accompli son devoir. La musique et la saynète s'arrêteraient sur ces entrefaites.
Pour le rythme des morts je jouerais avec les début et fin de couplet. The Cold Song offre beaucoup de temps entre chaque pour poser son ambiance. Autant en profiter.
Cependant, pour la mort du chef de la bande, le Noble comme on l'appellera, je placerais l'instant à la fin du premier "let me freeze again". Le Héros recevrait aussi le coup final juste avant le dernier "to death" de la musique.
Bien. je pense avoir fait un bon tour d'horizon.
Passons à la fiche récapitulative de tout ce délire.
Fiche récapitulative :
Nous aurions donc
Personnages :
Le héros
La Princesse
Garde d'élite un
Garde d'élite deux
Garde d'élite trois
Le Noble
Armes :
Rapière lame plate pour tout le monde sauf la princesse.
Dague pour la princesse.
Costumes :
En gooooothiiiiquue ! Mon sirop de grenadine est tellement plus classe en gothiiiquuue ! |
Déroulé :
Avant la musique : mise à mort du héros devant la princesse qui le supplie de se relever.
0:00 Le héros commence à se relever.
0:52 Le garde d'élite attaque reçoit un coup fatal sur la riposte.
0:56 Le héros menace ses adversaires et le combat à un contre trois commence. Le héros est plusieurs fois blessé sans que cela l'arrête ou semble le déranger.
1:45 Le deuxième garde d'élite meurt sur la fin du premier couplet.
2:42 Mort du dernier garde sur le début du troisième couplet.
3:21 Mort du Noble. Le héros tombe dans les bras de la princesse.
3:46 La princesse plante la dague dans le corps du Héros qui meurt.
Fin.
Voilà. J'espère que ce petit amusement entre nous vous aura plu et on vous dit à très vite pour des articles plus sérieux.
Escrimement
Le Baron.
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