Blog anonyme sur l'escrime historique en général et sa version chorégraphiée en particulier. Il y aura des réflexions et des critiques en essayant d'être constructif.
"[...] et sil veult tourner daultre coste poussez sur lautre sans bougier vostre demy hache de dessus son dos. Et en ce faisant le pouez mettre de dehors la lisse.."
Le Noble jeu de la Hache, pièce n°41, anonyme vers 1400 - transcription ARDAMHE
Dans ce court article je veux me pencher sur la possibilité, dans beaucoup de tournois et de sparrings d'arts martiaux, d'éliminer un adversaire en le poussant en dehors de l'espace de combat (la "lice" pour les tournois du Moyen-Âge et de la Renaissance). Notons qu'on trouve cette règle dans de nombreux arts martiaux de part le monde.
Or cela paraît un peu bizarre de prime abord de gagner en combat simplement en poussant quelqu'un hors de l'espace de combat. On comprend évidemment que, dans un tournois, il faut bien délimiter un espace de combat, mais de là à considérer qu'on est éliminé si on en sort ? Cela m'a longtemps semblé un peu facile, une victoire un peu faible. Mais j'ai récemment réalisé que c'était pas aussi éloigné d'une réalité martiale que cela.
Nous commencerons donc par nous intéresser à la martialité de cette technique, ce que cela peut simuler comme contexte. Ensuite nous verrons évidemment ce qu'on peut en faire dans nos scénarios d'escrime de spectacle.
Jeu de hache dans le premier manuscrit de Hans Talhoffer (1448)
L'intérêt martial de la technique
Pousser un adversaire pour le faire reculer peut ainsi sembler un peu faible pour gagner un combat. L'ennemi n'est pas vraiment maîtrisé comme avec une clef, il n'est pas sonné ou en position d'infériorité évidente comme avec une projection et encore moins blessé comme après avoir reçu un coup avec une arme blanche. Il est encore debout et indemne... quoique.
En effet, il risque de ne pas rester longtemps debout où qu'il soit. Sur un champ de bataille il trébuchera très probablement sur un cadavre ou autre obstacle (casque, imperfection du terrain...) et même dans un environnement plus normal il finira probablement là aussi par buter sur un obstacle et tomber à la renverse, être projeté contre un mur... et si il y a un fossé ou un ravin ça sera pire. Si la différence de puissance physique entre celui qui pousse et celui qui est poussé est importante, ou si la poussée est soudaine et brutale, il peut même ne pas réussir à suivre la violence de la poussée et se retrouver à terre en étant déséquilibré en tentant de résister.
Notons qu'il est évidemment plus facile de pousser un adversaire si on est plus imposant que lui mais c'est également une affaire de technique. le plus lourd est avantagé mais peut également se retrouver dans la situation de celui qui est mis "hors de la lice" si l'autre sait s'y prendre, avec une meilleure position de poussée (et surtout un adversaire mal placé pour pousser) ou avec un peu de ruse. Il y a évidemment une limite à cette réalité et il sera difficile de pousser quelqu'un de 130 kg si vous ne faites même pas la moité de ce poids !
"Mettre hors de la lice" n'est donc pas simplement un élément de règle
d'un assaut d'arts martiaux historiques mais bien une réalité martiale
qui peut vous permettre de gagner un combat. Il nous reste à voir
comment, en tant qu'escrimeurs de spectacle, nous pouvons nous emparer
de cette manœuvre. Et c’est l'objet de la seconde partie de cet article.
Au Sumo, l'une des manière de gagner est de repousser son adversaire hors du cercle de combat, une ritualisation d'une situation pourtant bien martiale.
Quelques idées pour utiliser ces techniques sur scène
Le premier problème qui va se poser est celui d'avoir un décor sur lequel buter. La situation la plus confortable est probablement si vous tournez une vidéo comme un court (ou un long) métrage. En effet, vous maîtrisez ici beaucoup plus le décor que dans tout autre cas de figure. Vous pouvez décider de tourner contre un fossé dans lequel tombera la victime, ou un mur contre lequel il sera plaqué. Vous pouvez aussi placer des décors comme des objets au sol, trouver des rochers contre lesquels trébucher ou même placer une table ou un banc. De plus vous n'êtes pas obligé de jouer en une fois le fait de tomber : grâce à la magie du montage, vous pouvez découper la scène en plusieurs plans pour faire une belle cascade sécurisée. C'est donc la configuration la plus évidente pour ce type de technique.
Dans du spectacle vivant, "de rue" ou dans un bâtiment historique comme un château, vos options seront probablement plus limitées. Vous aurez moins de choix pour votre espace scénique car vous aurez les contraintes du placement du public en sécurité, de l'emplacement qui vous sera permis par l'organisateur ou de la logistique que vous pourrez déployer. Les murs, obstacles et fossés seront à trouver sur place, si possible. Il vous reste évidemment la possibilité d'apporter des décors mais c'est aussi de la logistique en plus. Enfin il va falloir être meilleur en cascade que dans le cas d'une vidéo car vous ne pourrez pas tricher avec du montage, il va falloir vraiment jouer les chutes et les gérer en sécurité. Cela demande de s'y entraîner un peu mais c'est tout à fait gérable.
Le cas de figure le plus compliqué reste la scène de théâtre où vous devrez amener tous les décors et où vous serez forcément plus limité en terme de possibilité. Néanmoins ce reste tout à fait faisable et les remarques du paragraphe précédent, liées au spectacle vivant, s'appliquent tout autant.
Reste à faire des choix artistiques et scénaristiques et notamment de savoir si la technique permet ou non de gagner le combat ou si la victime s'en sort par chance ou par son agilité. On aurait ainsi un bon contraste classique entre un gentil agile et un méchant brutal et plus puissant.
C'est donc ici l'occasion de dire un mot des personnages. Nous avons ici clairement affaire à une technique qui va concerner les personnages dont l'approche est basée sur le physique et, éventuellement, sur la ruse. L'archétype de l'utilisateur de cette technique est la brute, mais elle convient aussi très bien à un athlète ou même à un suicidaire (qui peut d'ailleurs tout aussi bien finir dans le fossé avec sa victime). En revanche elle est à proscrire pour les personnages dont l'approche est basée sur la technique, la seule exception pouvant être dans le cas d'un duel en armure complète, et encore, cela ne serait pas la première technique employée mais plutôt une technique de fin de combat, quand on est fatigué et qu'on ne sait plus quoi faire.
Une des poussées les plus célèbres du cinéma, dans le film 300de Zack Snyder (2007)
***
On a donc une tactique d'où découlent plusieurs techniques de corps à corps qui a une réalité martiale qu'on ne soupçonnait pas forcément au premier abord. Et de part cette réalité martiale, elle peut nous permettre de nous amuser en escrime de spectacle, particulièrement si on a un décor qui s'y prête et moyennant un minimum de base de cascades (basiquement des chutes). Ne vous en privez donc pas !
Faites des stages ! Tout au long de l'année, des stages vous sont proposés par divers organismes, au sein de la FFE ou non. Il y en a de toutes sortes, avec des gens connus, d'autres moins, avec des thématiques très diverses, parfois sans (du moins pas annoncées). Certains ne durent qu'une demi-journée, la plupart sont sur un week-end quand certains s'étalent sur une semaine entière (comme les stages d'été de Michel Palvadeau).
Mais au fait, pourquoi fait-on des stages ? Pour s'améliorer, pour rencontrer d'autres escrimeurs et escrimeuses ? Et si on veut s'améliorer, de quelle façon ? Avec quels leviers ? Cet article est là pour faire le point sur ces questions, sur pourquoi on fait des stages, ce qu'ils peuvent apporter. Je vous propose de commencer par faire un point sur tous les types de stages que vous pouvez faire, avant de nous pencher sur ce qu'ils peuvent vous apporter. Je conclurai par quelques conseils.
Notons que dans le terme "stages" je vais ici inclure les stages proprement dits, mais aussi tous les rassemblements qui ne sont ni des galas ni des compétitions et où l'on travaille les armes à la main, guidés par des enseignants.
Oui, 80% des stages ont au moins une photo de ce genre. Ici à côté de Bruxelles, stage organisé par la Tour du Soleil sur les bottes secrètes le 9 mars 2025
Les types de stages
Nous allons essayer ici de dresser un inventaire, le plus exhaustif possible, de tous les types de stages que l'on peut rencontrer et pratiquer. Notons qu'ici je me limite volontairement aux stages à destination des pratiquants, les stages pour les enseignants sont une autre question.
Les stages "généralistes"
Par le nom de stages "généralistes", j'entends des stages dont la thématique n'est pas forcément annoncée à l'avance. C'est de plus en plus rare avec l'offre qui augmente (les gens doivent choisir et veulent donc savoir où ils mettent les pieds) mais cela existe encore. Beaucoup sont d'abord centrés autour d'un maître d'armes ou d'une troupe et c'est le nom qui fera venir les escrimeurs. On vient donc suivre le stage de maître untel ou de la troupe untelle en faisant confiance à leur compétence pour y apprendre des choses intéressantes. Dit comme ça cela semble un peu rude, mais bon rassurez-vous, ils ont normalement prévu un programme, c'est juste qu'il n'est pas annoncé à l'avance. Et apprendre auprès de maîtres d'armes qui ont formé des champions est en général intéressant et instructif.
Un autre type de stage du même genre est constitué des rassemblements régionaux. Il y a là aussi un programme établi par les différents enseignants de la région, même s'il n'est pas forcément annoncé. Mais l'objectif principal n'est pas là : il est, avant tout, de rassembler les escrimeurs artistiques d'une même région et de leur permettre de se rencontrer l'épée à la main. Si la région est active, il y en a au moins un par an, sur une ou deux journées (cela dépend aussi de la taille de la région, on se déplacera difficilement loin pour une seule journée de stage). On pourrait également ranger dans la même catégorie les rencontres inter-clubs.
Fabrice Linqué, champion du Monde catégorie solo en 2016, mais aussi entraîneur de la Garde des Lys qui a eu la médaille d'argent en bataille intemporelle lors des mêmes championnats ainsi que de nombreuses autres distinctions. Les champions ont forcément des choses à vous apprendre !
Les stages thématiques
Les stages thématiques ont un programme et un ou plusieurs thèmes clairement énoncés. On sait ce que l'on va travailler et l'on s'y inscrit souvent dans ce but. Les thématiques, en revanche, peuvent être diverses. La plus évidente est le maniement d'une arme ou d'une tradition martiale : découvrir le combat au coutelas, à l'épée longue de Joachim Meyer, à la cape, etc. On est là pour découvrir le maniement de nouvelles armes ou pour se perfectionner dans celles-ci. Ces armes seront donc approchées durant toute la durée du stage et normalement on en repartira avec quelques bonnes bases, ou de meilleures habilités.
Sur d'autres stages, plutôt que de découvrir une nouvelle arme on travaillera sur les techniques d'escrime scénique. On peut ainsi travailler spécifiquement la contre-attaque, les mises à mort, le combat de groupe, etc. L'objectif ici est donc de travailler certains points, certains aspects de notre pratique, le plus souvent avec une seule arme (en général la rapière) même si on pourrait tout à fait envisager une déclinaison à plusieurs armes.
Enfin, une autre thématique, souvent négligée, est de travailler le jeu de scène et l'approche scénique. Travailler sur ses personnages, sur l'entrée en scène, l'incarnation, mais aussi l'occupation de l'espace scénique, le scénario du combat, les spécificités d'un combat filmé (Michael Dassas et Alexandre Mir avaient proposé un tel stage deux années de suite), etc. Ces stages sont plus (trop ?) rares mais permettent d'améliorer tous les autres aspects du spectacle.
Stage thématique (cape et rapière) organisé par ACTES en 2023 à Meung-sur-Loire avec Michel Palvadeau et Manuel Diaz
Les stages en dehors de l'escrime artistique
En dehors des stages spécifiquement pensés pour des escrimeurs de scène, il est intéressant de suivre d'autres types de stages qui apporteront eux aussi leur lot d'améliorations. Notez toutefois qu'un escrimeur artistique ne sera pas en terrain connu et pourrait même se faire chambrer gentillement si l'ambiance est un peu taquine. Il faudra faire preuve de modestie et supporter la réputation de "danseurs" des escrimeurs artistiques auprès des autres disciplines martiales.
En premier lieu, citons les stages d'Arts Martiaux Historiques Européens (AMHE) et, dans le même esprit, tout comme ceux organisés par d'autres traditions martiales. Certains stages sont axés sur la compétition et seront donc de peu d'utilité (même si cela peut être intéressant pour comprendre comment réagit un combattant). Ce sont les autres qui nous intéressent, ceux basés sur la découverte ou le travail technique d'une arme ou d'une tradition martiale. Vous y découvrirez ainsi des techniques dans leur version martiale, présentées en général par quelqu'un qui étudie le sujet depuis une décennie au moins. Vous y glanerez en général des informations précieuses sur le contexte d'utilisation de l'arme, ses grands principes et vous expérimenterez. Notez que certains stages prennent la forme d'une succession d'ateliers de 1h30 à 2h avec souvent un choix possible.
Il faut également évoquer ici les stages de cascade organisés par des cascadeurs eux-mêmes. Évidemment tout n'est pas forcément intéressant pour notre pratique, ainsi vous aurez peu d'occasions de pratiquer les torches humaines ou les chutes de hauteur. En revanche, le combat à mains nues pour la scène, la base des chutes, roulades et autres acrobaties ainsi que des bases de franchissement et d'équilibre trouveront facilement à s'insérer dans vos scénarios de combat. Tout cela peut être appris auprès des cascadeurs, même s'ils partagent assez peu leurs stages. Notez qu'il arrive de temps en temps qu'un cascadeur soit invité par une structure d'escrime de spectacle pour y donner un stage.
Enfin, il ne faudrait pas oublier tous les stages ayant un rapport avec le théâtre et l'art de jouer la comédie. Je dois avouer que je n'en vois pratiquement jamais passer, mais je dois aussi avouer que je ne les ai pas spécialement cherchés. Dans tous les cas améliorer votre jeu de scène et votre compréhension du jeu et de la scène en général ne peut que faire progresser vos compétences d'escrimeur de spectacle.
Un exemple d'un atelier au sein du stage multi-armes du Cercles des Escrimeurs Libres Nantais en 2025
Les raisons de faire des stages
Il existe donc beaucoup de types de stages, pour tous les goûts ? Encore faudrait-il définir son "goût", c'est à dire pourquoi on fait des stages, qu'est-ce que ceux-ci peuvent apporter à un escrimeur de scène ? Tentons ici d'y répondre.
Rencontrer d'autres escrimeurs
Cela paraît un peu simpliste comme ça, mais l'une des premières raisons de faire des stages est tout simplement de rencontrer d'autres escrimeurs de spectacle. C'est toujours sympathique de rencontrer des personnes animées par la même passion que vous et de croiser le fer avec eux. Vous pouvez ainsi varier les partenaires, construire avec des gens qui bougent différemment de vos camarades de club, ont des niveaux différents et même une approche différente de l'escrime. Vous pourrez ainsi confronter vos approches, vos techniques, apprendre des choses de pair-à-pair en toute convivialité.
Et au-delà de la variation de partenaires, au-delà de la découverte d'autres façons d'escrimer, il y a la rencontre humaine (j'ai l'impression d'être dans de la comm' de RH de bas étage en écrivant cela). Il y a le fait de faire partie d'une communauté de passionnés. C'est là, par exemple, l'intérêt des rassemblements régionaux. On fait vivre l'escrime artistique par les gens, on sympathise, on suit ce que font les autres et c'est aussi là tout le plaisir de la pratique qui est, pour la majorité d'entre nous, une pratique d'amateurs.
Les participants des rencontres régionales d'Occitanie qui ont eu lieu les 31 mai et 1er juin 2025 à l'abbaye fortifiée de Loc-Dieu (12). Photo : Comité régional d'Escrime d'Occitanie
Améliorer sa pratique actuelle
Mais bon, si on fait parfois des centaines de kilomètres, que l'on paye un certain prix, parfois une chambre d'hôtel, ce n'est en général pas seulement pour rencontrer d'autres escrimeurs, mais aussi pour devenir meilleur. Il y a donc ici l'idée d'améliorer déjà les armes que l'on pratique déjà.
La première chose, quel que soit votre niveau, est que vous allez pratiquer intensément l'escrime de spectacle pendant toute la durée du stage. Comme me l'avait dit le Baron il y a plus d'une dizaine d'années "une journée de stage c'est déjà 6h d'escrime". En sachant que la majorité des escrimeurs et escrimeuses ont une, parfois deux séances par semaine d'1 à 2 heures, je vous laisse compter combien de séances vous gagnez en allant à un stage (bon l'apprentissage ne marche pas exactement comme ça, mais vous voyez l'idée). Et comme toute activité motrice, il faut apprendre au corps à bouger en fonction de celle-ci et c'est en grande partie avec le nombre d'heures de pratique que vous acquerrez de l'aisance et la fluidité dans vos gestes d'escrime.
Outre les heures d'entraînement, il y a la possibilité de travailler certains mouvements spécifiques, certaines approches. Vous apprendrez à faire des choses que vous ne saviez pas faire, ou pas bien faire, car vous les aviez à peine vues. Vous travaillerez de nouveaux automatismes ou vous aurez l'occasion de les perfectionner, au pire de les réviser, ce qui ne fait jamais de mal. Vous aurez aussi plus de temps pour travailler les points sur lesquels
vous avez des difficultés et vous en sortirez ainsi pas sur un échec
comme ça peut arriver dans un temps plus contraint. Les stages sont l'occasion d'apprendre à faire de nouvelles choses, car on a souvent plus de temps que dans un cours. On a aussi un autre enseignant qui insistera plus sur certaines points ou vous montrera de nouvelles techniques qui sont dans sa spécialité et sont peut-être moins celle du vôtre.Pour cela, les stages basés sur les techniques d'escrime scénique sont évidemment les plus intéressants.
Enfin, outre la technique pure les stages donnent parfois l'opportunité de aborder les autres aspects scéniques pour améliorer son jeu, sa présence sur scène, ses scénarios, ses personnages. En stage on peut tester, expérimenter grandeur nature avec des conseils. Ces stages sont malheureusement trop rares et sont difficiles à trouver quand ils existent. Certains maîtres d'armes et enseignants ont beaucoup travaillé l'aspect du personnage dans le combat (comme Florence Leguy) ou l'occupation de l'espace scénique (Magalie Ressiot a récemment proposé plusieurs courts stages sur ce thème), n'hésitez pas à les faire venir ! Vous pouvez néanmoins gagner à regarder du côté du théâtre pour acquérir des éléments à adapter à la spécificité de notre pratique.
Si vous êtes du côté de la Belgique et que vous lisez cet article au moment de sa publication, profitez-en ! La Tour du Soleil met en place un stage pour mettre en scène la violence bientôt.
Explorer d'autres horizons
Une autre façon de s'améliorer est de diversifier ses compétences : faire des choses que l'on ne faisait pas avant, avoir plus d'un type d'escrime, plus d'une arme, etc. C'est pour moi cela être un escrimeur complet, même si certains préfèrent se spécialiser et se concentrer sur un style, une arme, etc.
Apprendre à manier d'autres armes permet de varier les combats, soit au sein de scénario mêlant des armes différentes à la même période, soit en apprenant à manier des armes d'une époque différente de celle avec laquelle on a commencé. Si vous faites de la rapière, vous pourriez ainsi apprendre à manier d'autres épées en usage à la même époque ou des armes d'hast (voir mes articles ici et là), vous pouvez aussi vouloir faire des thématiques médiévales ou pirate pour ne citer que les plus courantes (et, par pitié, je ne veux PLUS voir des pirates armés de rapières ! Allez lire mon article sur leurs armes). Pour cela je vous conseille très vivement d'aller jeter un œil sur les stages d'AMHE et notamment les stages multi-armes avec des ateliers. Ceux-ci vous permettront de découvrir des armes ou traditions nouvelles, vous verrez ainsi si vous avez envie de poursuivre dans cette arme. Comme je l'ai dit plus haut, vous aurez normalement un ou une spécialiste de cette arme qui l'étudie depuis souvent très longtemps et est en relation avec celles et ceux qui l'étudient dans le monde. Même si ces stages ne sont pas directement axés sur une pratique d'escrime chorégraphiée, vous apprendrez le contexte, la dernière interprétation des techniques et de l'approche de l'arme.
En plus de diversifier les armes, vous pouvez diversifier vos compétences en acquérant quelques techniques de cascade. Avoir des bases de combat au corps à corps, notamment sur comment donner des coups de façon sécurisée est intéressant, de même que des bases en lutte debout pour pouvoir faire des projections. Et, comme il faudra également les subir, je vous invite fortement à apprendre à chuter de votre propre hauteur. Et si vous le sentez, pourquoi ne pas apprendre quelques acrobaties ou quelques bases de parkour ? Vous pourrez acquérir toutes ces compétences dans des stages de cascades. Ceux ouverts au public ne sont pas fréquents, mais il arrive tout aussi régulièrement que des clubs d'escrime ou des compagnies organisent un stage avec un cascadeur qui vous apprendra les bases de son métier.
Enfin, on a dit que vous pouviez diversifier les techniques, mais les stages sont aussi l'occasion de diversifier les approches de l'escrime de spectacle. Les maîtres d'armes et les enseignants et enseignantes n'ont pas toutes et tous la même approche de notre discipline. Si le Baron, par exemple, met d'avantage l'accent sur la martialité du geste, d'autres vont donner plus d'importance à la rythmique du combat (Julien Pennanech' par exemple), à son côté chorégraphique ou à tout autre chose. Même si vous avez déjà une idée de ce que vous aimez, vous vous enrichirez toujours à découvrir de nouvelles approches. En ce cas, vous chercherez des stages d'enseignants dont l'approche est très différente, ou simplement d'enseignants que vous ne connaissez pas. D'une manière générale, je vous invite à fréquenter, expérimenter le plus d'approches possible pour mieux trouver la vôtre.
Les Guespinades orléanaises sont un stage multi-armes, avec de nombreux ateliers qui se déroule chaque année à la fin du mois d'octobre à Saint-Jean-de-la-Ruelle près d'Orléans.
***
Les types de stage et les raisons d'y aller sont donc très divers, mais alors, comment s'y retrouver dans tout ça ? Que prioriser ? Tout le monde ne sait pas forcément facilement déterminer ce qui le ferait progresser. Voici donc quelques conseils.
Tout d'abord, si votre emploi du temps et vos finances le permettent, allez systématiquement aux stages organisés à côté de chez vous. D'abord parce que c'est moins cher (moins de temps de route, en général pas d'hébergement à payer), mais aussi parce que c'est l'occasion de rencontrer vos voisins et de sympathiser avec eux, voire de monter ensemble un gala régional. Que vous soyez débutant ou très expérimenté, cela sera toujours sympathique, et toujours de la pratique en plus.
Le reste dépendra beaucoup de votre niveau. Au début, vous pourriez privilégier les stages permettant de travailler certains aspects précis de la pratique, aussi bien sur la technique d'escrime que sur le jeu de scène. Par la suite, je vous invite à vous diversifier en regardant vers d'autres armes, d'autres disciplines, et enfin, d'autres approches de l'escrime. C'est peut-être finalement le dernier stade qui fait que, lorsque vous avez déjà vu une infinité de techniques, que vous maîtriser bien vos gestes, vous allez encore en stage voir comment font les autres... et passer un bon moment avec eux !
Notez que ces conseils ne sont pas absolus, les stages sont aussi une affaire d'opportunités : est-ce loin ou pas ? suis-je disponible ? ai-je les finances nécessaires ? Ne vous bloquez donc pas si un stage vous fait envie. Si vous voulez découvrir l'épée longue et que vous n'avez même pas un an de rapière, allez-y quand même ! Vous ne perdrez normalement pas votre temps. Bref : faites des stages !