C'est Noël et on vous a peut-être demandé de présenter un spectacle. L'ambiance du moment m'a donné envie de m'interroger sur ce qu'on pourrait faire spécifiquement pour Noël avec l'escrime de scène. Quels scénarios, quels personnages ? Alors évidemment c'est trop tard pour cette année (si vous êtes capable de monter un combat en aussi peu de temps soit vous êtes inconscients soit vous êtes vraiment très très forts), mais ça vous donnera peut-être des idées pour l'an prochain.
Le Père Noël affrontant Scrooge (le méchant du Chant de Noël de Dickens) |
Les caractéristiques d'un combat de Noël
Noël est une fête familiale, il y aura donc très probablement des enfants à ce spectacle ce qui suppose un spectacle adapté à tout public. C'est également une fête joyeuse, où doit régner le fameux "esprit de Noël", un esprit de partage et de bonté. Pour un type de spectacle qui met en scènes des gens qui s'affrontent avec des armes le plus souvent mortelles c'est déjà un certain défi ! On évitera donc les combats trop sanglants, idéalement personne ne meurt voire personne n'est vraiment gravement blessé.
De même, cela doit finir bien, pas de mort double, de victoire des méchants, de regrets infinis... Les gentils doivent gagner, à moins que les méchants ne fassent amende honorable et cessent d'être méchants. Les scénarios comiques sont les bienvenus et les drames sont à manier avec précaution. D'une manière générale cela doit être distrayant et moral.
Enfin, une dernière caractéristique : le combat doit être relativement simple et assez court pour des raisons très pragmatiques. En effet, la rentrée des clubs est en septembre et Noël trois mois et demi plus tard. Avec la rentrée, les nouveaux, les vacances vous aurez probablement difficilement plus de deux mois pour bosser ce spectacle. À moins d'être d'un très bon niveau ou de pouvoir s'entraîner de nombreuses heures par semaine c'est très peu, et il est donc fortement conseillé de ne pas viser trop haut sous peine de présenter quelquechose de pas fini. Il vaut mieux un bon combat court et intense qu'une ébauche brouillonne !
Enfin, une dernière caractéristique : le combat doit être relativement simple et assez court pour des raisons très pragmatiques. En effet, la rentrée des clubs est en septembre et Noël trois mois et demi plus tard. Avec la rentrée, les nouveaux, les vacances vous aurez probablement difficilement plus de deux mois pour bosser ce spectacle. À moins d'être d'un très bon niveau ou de pouvoir s'entraîner de nombreuses heures par semaine c'est très peu, et il est donc fortement conseillé de ne pas viser trop haut sous peine de présenter quelquechose de pas fini. Il vaut mieux un bon combat court et intense qu'une ébauche brouillonne !
Quelques thématiques possibles
La thématique du père Noël (et de ses lutins)
Les
personnages sont le Père Noël et sa femme (ou sa fille) mais aussi ses
lutins, ses rennes et le méchant père fouettard (et son fils si l'on
suit Jacques Dutronc). Les lutins fabriquent des cadeaux que le Père
Noël va déposer devant la cheminée ou sous le sapin la nuit de Noël
quand les enfants dorment. Le père fouettard est là pour punir les
enfants qui n'ont pas été sages, on peut éventuellement imaginer qu'il
s'oppose au père Noël. D'autres méchants sans cœur pourraient en vouloir
au père Noël, par exemple si ils n'ont pas eu de cadeaux étant petits,
il finiront pas entendre raison et fêter Noël avec une famille qui
partagera ses cadeaux avec eux (oui c'est gnangnan mais c'est Noël hein
!). Les lutins ne peuvent être un peu turbulents et se chamailler entre
eux jusqu'à vouloir se taper dessus.
Enfin,
vous pouvez toujours faire un hommage à l'Étrange Noël de M. Jack où
les créatures d'Halloween débarquent dans le monde de Noël.
Le Père Noël capturé par le hobgobelin de la Hobgoblin beer (brasserie Wytchwood) |
La thématique chrétienne
On l'oublie parfois mais Noël est à l'origine une fête chrétienne célébrant la Nativité de Jésus, fils de Dieu. Il naît dans près de Bethléem, ville d'origine de Joseph et où il était allé recenser sa famille. une étable selon les Évangiles canoniques (les textes officiellement approuvés par l'Église), ou dans une grotte dans les Évangiles apocryphes (les récits de la vie de Jésus rejetés par l'Église mais importants dans les premiers siècles du christianisme). L'âne et le bœuf sont également des détails des Évangiles apocryphes récupérés ensuite par l'Église. Viennent ensuite les scènes de l'Adoration des Bergers (Luc 2 : 8-20) et de l'Adoration des Mages (Mathieu 2 : 1-12). Les Mages sont des sages ou des prêtres venus d'Orient, peut-être de Médie, de Perse ou de Babylone.
Que faire de tout cela ? Le Nouveau Testament, contrairement à l'Ancien Testament, n'est pas très riche en récits de combats, mais l'on peut toujours imaginer des méchants soldats Romains voulant empêcher la progression des Mages ou des Bergers, à moins d'aller vers plus de fantastique et d'allégorie avec des démons guidés par Satan voulant leur dérober leurs trésors.
L'adoration des bergers par Carlo Crivelli (vers 1480) |
La thématique des contes de Noël du XIXème siècle
Le conte Un chant de Noël de Charles Dickens a donné lieu à de nombreuses adaptations télévisuelles mais également des créations originales où un avare ou un méchant atteint une forme de rédemption à Noël en réalisant que l'argent n'est pas tout dans la vie. On place souvent ces récits au XIXème siècle, probablement le pire siècle pour la condition ouvrière. Si on ajoute ou ou plusieurs hommes de main peu scrupuleux on peut ainsi facilement mettre un peu de combat dans ce genre de récit et en faire un spectacle d'escrime. Pour les techniques et les armes on piochera allègrement dans la self-défense des époques Victoriennes et Edwardienne ou de la Belle époque française (par exemple le traité d'Émile André ou celui de celui de R. G. Allanson-Winn et C. Phillipps-Wolley). On utilisera ainsi cannes, cannes-épées, bâtons, gourdins, matraques, couteaux, parapluies, boxe, voire boxe française, lutte ou ju-jitsu pour notre combat. Mais à la fin les gentils seront récompensés, les pauvres auront à manger et de quoi se chauffer et, éventuellement, le ou les méchants trouveront de la chaleur dans leur cœur.
Deux scénarios "clef en main"
Voici deux scénarios tout droit sortis de mon imagination tordue. Vous pouvez les utiliser tels quels ou les déformer/adapter à l'envie, ils vous sont livrés généreusement ! Simplement, si jamais vous le faites vous pouvez toujours me le dire, ça me fera plaisir, et si vous filmez je serai curieux de regarder.
Chamaillerie de lutins
Deux lutins ou lutines (des escrimeurs plutôt de petite taille ou même des enfants si vous avez une section enfant) sont en train d'emballer des cadeaux de Noël sous la supervision du Père Noël (le plus grand et le plus imposant de vos membres). Celui ci s'absente pour aller vérifier l'attelage de ses rennes (parce qu'il a entendu Rodolphe, son plus vieux renne, oui celui avec le nez rouge, l'appeler ?), à moins que la mère Noël n'ait besoin de lui... enfin il s'absente un moment quoi !
Les cadeaux à emballer sont des rapières, l'un des lutin lit les noms des destinataires : d'Artagnan, Cyrano de Bergerac, Julie d'Aubigny, Athos, Porthos, Aramis.... Les lutins commencent à regarder les rapières, à jouer avec et à faire semblant de se combattre (ils attaquent l'épée). L'un d’eux fait une vraie attaque et blesse légèrement l'autre qui s'énerve et l'attaque à son tour. Le combat débute alors, il doit être un peu burlesque avec (selon votre envie et vos capacités) des chutes/roulades, un coup sur les fesses, une gifle qui fait sauter le bonnet, du tirage de cheveux/barbichette... Comme les lutins ne savent pas vraiment se battre on peut même accepter les coups de tailles avec des rapières à lame triangulaire (je suis sympa, c'est Noël). Bien sûr personne n'est gravement blessé et encore moins tué, mais n'hésitez pas à ce que les deux soient également ridicules.
Les cadeaux à emballer sont des rapières, l'un des lutin lit les noms des destinataires : d'Artagnan, Cyrano de Bergerac, Julie d'Aubigny, Athos, Porthos, Aramis.... Les lutins commencent à regarder les rapières, à jouer avec et à faire semblant de se combattre (ils attaquent l'épée). L'un d’eux fait une vraie attaque et blesse légèrement l'autre qui s'énerve et l'attaque à son tour. Le combat débute alors, il doit être un peu burlesque avec (selon votre envie et vos capacités) des chutes/roulades, un coup sur les fesses, une gifle qui fait sauter le bonnet, du tirage de cheveux/barbichette... Comme les lutins ne savent pas vraiment se battre on peut même accepter les coups de tailles avec des rapières à lame triangulaire (je suis sympa, c'est Noël). Bien sûr personne n'est gravement blessé et encore moins tué, mais n'hésitez pas à ce que les deux soient également ridicules.
Le Père Noël finit par revenir et calme tout le monde en les tirant par les oreilles leur ordonnant de se remettre au travail.
Variantes : À la fin le Père Noël peut combattre un peu pour les séparer (je le vois bien armé d'un bâton). Les épées peuvent être des épées longues destinées à Aragorn, Eowyn, Boromir ou Roland, Jeanne d'Arc, des chevaliers de la Table Ronde... ou d'autres armes destinées à des combattants légendaires, on peut même opposer des armes différentes. On peut aussi transformer ce combat en combat de groupe avec plus de deux lutins. Dans tous les cas cela finit toujours de la même façon !
Le Père Noël et ses lutins par Steve Juvertson |
Le partage de Noël
Un jeune couple d'ouvrier sans le sou, Maurice et Lucette, se demandent comment ils pourront payer leur loyer et acheter des cadeaux de Noël à leurs enfants. Ils sont tristes, se lamentent, pleurent. On frappe à la porte et arrive M. Monneville, leur propriétaire (bourgeois avec un chapeau haut-de-forme) et son homme de main, le méchant Edgard (vêtu comme un ouvrier voire un Apache de Paris). Ils réclament les mois de loyer de retard avec les intérêts et le couple demande un délai. Edgar s'énerve et commence à casser des choses dans la modeste maison, balancer de la vaisselle par terre etc.
Maurice intervient et s'ensuit une bagarre avec Edgard qui prend un méchant coup de poing. Edgard sort alors un couteau ou attrape sa canne et attaque Maurice. Ce dernier se défend avec un gourdin, un tisonnier ou une canne. Edgard commence à prendre le dessus, Lucette intervient avec un balais (ou simplement le manche) qu'elle manie comme un bâton. Sur ce M. Mondeville l'en empêche avec sa canne-épée. Edgard finit par mettre Maurice à terre tandis que M. Monneville maîtrise Lucette.
Il ordonne alors à Edgard de lui faire mal "pour lui donner une bonne leçon", Lucette se jette entre les deux, suppliant d'épargner son mari, qu'on ne tue personne le jour de Noël. Edgard se fige et dit qu'il n'a jamais fêté Noël, qu'il a grandit à l'orphelinat et n'a jamais eu de famille pour partager ce moment. Lucette le plaint et lui dit que si il veut bien être miséricordieux il pourra avoir le Noël en famille dont il rêve.
M. Monneville s'énerve et dit que Noël est une fête inutile. Edgard le désarme et le maîtrise. Le bourgeois éclate alors à son tour en larmes en disant qu'il n'a jamais eu de cadeaux pour Noël, qu'il a été élevé par un vieil oncle acariâtre qui ne lui offrait jamais de cadeaux. Maurice et Lucette lui proposent alors de partager le peu qu'ils ont. M. Monneville décide de leur offrir le loyer et d'aller acheter des cadeaux aux enfants. Le couple l'invite également à la fête et tout le monde est heureux !
Variantes : M. Monneville est une veuve, Mme Monneville et elle se bat au parapluie. Les enfants sont présents et prennent part au combat, Edgard peut alors avoir un acolyte pour faire le nombre en face. On peut transposer ça aux XVIIème ou au XVIIIème siècles voire au Moyen-Âge mais il faudra alors plus de références au christianisme (extrêmement présent dans la société à ces époques).
Edit : pour les combats au XIXe siècle n'hésitez pas à relire aussi cet article.
Voilà, j'espère vous avoir au moins amusé et que cela pourra peut-être vous inspirer par la suite.
Maurice intervient et s'ensuit une bagarre avec Edgard qui prend un méchant coup de poing. Edgard sort alors un couteau ou attrape sa canne et attaque Maurice. Ce dernier se défend avec un gourdin, un tisonnier ou une canne. Edgard commence à prendre le dessus, Lucette intervient avec un balais (ou simplement le manche) qu'elle manie comme un bâton. Sur ce M. Mondeville l'en empêche avec sa canne-épée. Edgard finit par mettre Maurice à terre tandis que M. Monneville maîtrise Lucette.
Il ordonne alors à Edgard de lui faire mal "pour lui donner une bonne leçon", Lucette se jette entre les deux, suppliant d'épargner son mari, qu'on ne tue personne le jour de Noël. Edgard se fige et dit qu'il n'a jamais fêté Noël, qu'il a grandit à l'orphelinat et n'a jamais eu de famille pour partager ce moment. Lucette le plaint et lui dit que si il veut bien être miséricordieux il pourra avoir le Noël en famille dont il rêve.
M. Monneville s'énerve et dit que Noël est une fête inutile. Edgard le désarme et le maîtrise. Le bourgeois éclate alors à son tour en larmes en disant qu'il n'a jamais eu de cadeaux pour Noël, qu'il a été élevé par un vieil oncle acariâtre qui ne lui offrait jamais de cadeaux. Maurice et Lucette lui proposent alors de partager le peu qu'ils ont. M. Monneville décide de leur offrir le loyer et d'aller acheter des cadeaux aux enfants. Le couple l'invite également à la fête et tout le monde est heureux !
Famille ouvrière à Berlin vers 1900 |
Variantes : M. Monneville est une veuve, Mme Monneville et elle se bat au parapluie. Les enfants sont présents et prennent part au combat, Edgard peut alors avoir un acolyte pour faire le nombre en face. On peut transposer ça aux XVIIème ou au XVIIIème siècles voire au Moyen-Âge mais il faudra alors plus de références au christianisme (extrêmement présent dans la société à ces époques).
Edit : pour les combats au XIXe siècle n'hésitez pas à relire aussi cet article.
Voilà, j'espère vous avoir au moins amusé et que cela pourra peut-être vous inspirer par la suite.
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