Il propose également une variante, en mixant la première règle avec l'utilisation du signe de croix de cette seconde règle. Mais à la place des doigts, cette fois, il utilise la garde de l'épée pour symboliser la croix .... comme quoi la symbolique religieuse de l'épée à l'époque peut avoir une certaine utilité martiale.
4e règle
Une autre situation de discussion avant un combat. Pour le coup, la technique est très simple, bras devant, pied derrière et on déséquilibre l’adversaire en le poussant par au-dessus sa jambe. Et si mettre le pied derrière s’avère difficile, forcer seulement avec le bras. Encore une fois, c’est l’effet de surprise qui est recherché, le combat avec n’est pas forcément engagé..
5e règle
Ce chapitre est plutôt riche : baffe, blocage de l’épée avant que l’adversaire ne la sorte de son fourreau, puis on sort la dague que l’on porte au côté. Là, on aboutit dans une situation qui devient relativement «sale» de combat rapproché où on n’a pas le choix d’éliminer rapidement l’adversaire.
Plusieurs aspects intéressants :
- On cherche à empêcher son adversaire de sortir son arme, tout en sortant la sienne, ne lui ne permettant pas de se défendre.
- Le positionnement de la dague sur le baudrier. L’arme est placée du même côté que l’épée (à gauche), peut-être plus en arrière de la ceinture pour faciliter son dégainage ?!
- Éviter de faire cette règle quand l’adversaire a une dague car trop risqué. L’appréhension vis-à-vis des affrontements avec des armes de combat rapproché, généralement considéré comme particulièrement dangereux, est bien présente à cette période de la fin XVIe siècle.
En fin une variante ou option de cette 5e règle, avec une autre utilisation de la mode vestimentaire : cette fois, on écrase le chapeau de l’adversaire sur ses yeux pour le désorienter (ce qui est plutôt efficace) et avoir le temps d’enchaîner ou de fuir.
6e règle
Encore une technique très simple pour déstabiliser l’adversaire, un grand fauchage, toujours en sécurisant l’arme adverse avant qu’il ne la sorte. On peut imaginer que pour donner suite à ce fauchage l’une des options précédentes s’offre à nous : sortir l’épée ou la dague ou fuir.
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7e règle
Le dernier chapitre nous offre une technique digne d’un combat de film de cape et d’épée : jeter du sable dans les yeux. Mais attention, ici, on anticipe une possible agression : le sable, suffisamment fin, est ramassé par terre bien en amont du combat, et il est gardé dans une poche ou une bourse pour être projet dans les yeux en cas d’agression. Et attention, il est également possible d'en avoir plusieurs. La situation décrite ici est extrême, Godinho va jusqu’à comparer l’affrontement avec une corrida en empruntant du vocabulaire spécifique à cette activité (capadores, museau, etc.).
Enfin, il ajoute trois notes pour conclure ce dernier chapitre :
- Le chapeau peut être abaissé sur les yeux.
- La cape peut être lancée comme à un taureau.
- Tu profiteras de cette règle en la prenant, seul dans une maison.
Pour conclure sur cette approche de la self défense et plus précisément de tout ce qui se passe avant d’engager le combat, il est important de rappeler que certaines de ces techniques sont avant tout pour but de produite un maximum de dommage sur l’adversaire et le convaincre de ne pas aller plus loin. Certaines sont dangereuses à appliquer.
Comme évoqués au cours de l’article, ceux sont des pratiques quelque peu déshonorantes pour le contexte de cette période de transition entre le XVIe siècle et XVIIe siècle. Toujours, concernant le contexte, il est important de rappeler les mœurs qui influencent les méthodes décrites :
- Le poids de la religion dans l’Espagne et le Portugal du XVIe.
- Le statut social et l’émergence de la petite noblesse, hidalgo, ayant un sens particulièrement développé de l’honneur (influencé par les règles historiques dans leur pays en ce qui concerne le duel)
- Certaines villes ou régions, réputées violentes (ex : c’est le cas de Valence au début du XVIIe), et inversement, d’autres zones où le pouvoir royal ainsi que la Justice sont beaucoup plus actifs dans la répression de la violence.
Le mot du Capitaine :
Par le Capitaine Fracasse
Je ne peux m'empêcher de rajouter quelques lignes sur l'intérêt de toutes les situations et techniques décrites dans le cadre de l'escrime de spectacle. Si, en effet, beaucoup d'entre elles demandent une certaine maîtrise de la cascade, elles n'en sont pas moins intéressantes dans le récit d'un combat. Un combat a un début, un milieu et une fin et c'est ce que nous mettons en scène. Tout ce qui est décrit ici c'est comment commence le combat (et peut éventuellement finir très vite) avec notamment la volonté de Godinho de pouvoir tirer l'épée en ayant éventuellement éliminé un ou deux adversaires auparavant.
Nous avons donc des exemples concrets et historiques de début de combat, du moment où, après une montée de tension, on bascule dans la violence. Le fait que ces situations soient le plus souvent inégales (un personnages agressé par plusieurs autres) ajoute plus de crédibilité : plusieurs "voyous"/"brigands" agressent quelqu'un et se sentent donc plus forts en groupe, l'agressé qui maîtrise les armes ne se laisse pas faire et parvient, grâce à ces ruses, à se rendre la situation moins défavorable et à aboutir, par exemple, à un duel. Cela peut également permettre d'intégrer un ou deux figurants pour introduire le duel, des escrimeurs qui n'auront qu'une technique à répéter parce qu'ils se font éliminer directement. Cela met du monde sur scène et cela rend les choses plus vraies. Je ne peux donc que vous encourager à les travailler ou du moins à vous en inspirer !
EDIT : Suite à cet article Les Bretteurs de Saint-Jean ont testé et mis en scène ces Trahisons, et ça fonctionne plutôt bien !
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