Au centre et bien entouré. Crédit photo : Adrien Chazal |
Défendre une approche plus respectueuse de l'escrime historique tout en reconnaissant et appréciant d'autres visions.
Déjà, j’insiste, nous avons bien conscience, pour ne pas dire approuvons l’idée que l’escrime de scène est un art et que, par conséquent, tous les courants, les styles, plus ou moins identifiés à ce jour, peuvent être pertinents. Aussi surprenant que certains pourraient le découvrir, nous ne boudons pas notre plaisir lorsque nous voyons une chorégraphie bien maitrisée. Qu’importe si ses positions scéniques ne sont pas les nôtres.
Un bien grand mot, puisque je vais par commodité mettre dans le même panier aussi bien celles peu romancées que celles où la magie est clairement de la partie, avec malgré tout une toile de fond historique. Maudit Yuan. Pauvre Goryeo. Vive Joseon ! La particularité de ces histoires est de nous proposer leurs lots de combats épiques. Ce dans un style spectaculaire qui ne laisse nul doute quant à leur irréalisme : voltes à gogo, projection d’une escouade entière par un simple couronnée, courir sur les murs à la façon tigre et dragon… Vous pensez bien que si j’étais sectaire, cela ne pourrait pas passer. Pourtant J’.A.DO.RE !
Bon, je grossis le trait, en fonction des moyens de production, des choix de mis en scène, ils sont souvent plus sobres. Cependant, cela reste très inspiré et exécuté autour de l’idée que les héros et leur némésis sont des surhommes combattants des hommes et des femmes qui savent se battre conformément à leur statut. C’est juste que pour ces derniers, c’est difficile de l’emporter.
Alors pourquoi en France, le Capitaine et moi défendons principalement un style réaliste ?
Nous avons bien des courants qui misent sur le spectaculaire pour contrebalancer leur part assumée d’irréalisme. Cependant, ce n’est pas parce qu’un chorégraphe vous dit que sa création est spectaculaire qu’elle l’est. Le meilleur discours ne peut changer un héros qui confond son épée ou sa rapière avec un gourdin ou le constat que sa manière de combattre tient plus du paysan aviné que du chevalier correctement formé, encore moins la désagréable impression que ce que je viens de vous décrire s’observe beaucoup trop dans des productions professionnelles occidentales. Au point de se demander si ce n’est pas la norme, structurelle.
Bref nous partons déjà d’un contexte différent. Ce qui a des conséquences sur la pratique amateur.
Ensuite, pour continuer de raconter un peu notre vie, avant d’être un « amateur éclairé » pour l’un, Maitre d’Armes pour l’autre, nous sommes des gestionnaires de patrimoines culturels de formation. Nous disposons donc déjà de deux trois bases en histoire et sommes sensibles au respect du patrimoine matériel ou immatériel dont nous faisons la promotion. Directement ou non. Or, l’escrime historique à travers ses traditions, ses traités, etc... constitue à nos yeux, et pas que les nôtres, un patrimoine. Patrimoine dont l’escrime de scène peut être un vecteur et qui, en plus, est assez spectaculaire comme telle. Il faut choisir les techniques, vérifier qu’elles correspondent bien aux personnages incarnés, c’est toujours un peu de boulot, mais c’est là.
Et vu que le soi-disant spectaculaire à l’hollywoodienne, surtout en escrime médiévale, nous semble à minima bancal, que c’est ce sujet qui nous a intrigués lorsque nous étions de jeunes escrimeurs… vous devriez mieux nous cerner désormais.
Toutefois, retenez que non, nous ne sommes pas fermés par définition à des créations qui misent davantage sur une escrime irréaliste. Nous serons méfiants si cela se produit lors des journées du patrimoine et que vous êtes censés incarner des mousquetaires, mais dans le cadre d’un gala, d’un festival, d’une animation… YOLO. Vous avez juste à savoir ce que vous faites.
Et c’est, dans ce cadre non « réaliste », « fantaisiste » que l’usage d’armes allégées peut devenir intéressant.
Ou alors, je suis juste raide dingue de leurs costumes... c'est important aussi ça... le costume.기황후 (Impératrice Ki) 2013-2014 |
L'usage d'armes allégées : une idée intéressante dès que nous ne créons autour d'un univers non historique.
Quant à incarner un personnage agile au delà de ce qu'un humain est censé pouvoir réaliser, coucou les elfes, disposer d'armes allégées ne peut qu'aider l'escrimeur dans ses actions. Même si ses armes sont de dimensions normales. Même si cela nécessite toujours un entrainement et une condition physique sérieuse. Cela reste un bon coup de pouce.
Hé v'là la taille du pouce. |
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