jeudi 26 septembre 2024

Blindeur contre conquérant. Quelques exemples pour en sortir (vidéo)

Bonjour à toutes et tous, ici le Baron de Sigognac pour vous desservir. 

Comme vous le savez si vous avez vu notre dernière vidéo, le capitaine et moi nous étions retrouvé en mes terres l'an dernier. Ce pour filmer quelques passes lors d'une après midi (3 à 4h). Or si une partie tournait bien autour du thème du "premier coup" nous avions aussi préparé quelques illustrations basiques de ce que peut donner ce sujet avec l'utilisation de profils élémentaires, autres que le classique blindeur contre conquérant pour nos personnages. 
Il s'agit d'une notion que j'avais moi même abordé dans cet article : Profils et archétypes, l'art d'associer vite à ses personnages une escrime adaptée à leur personnalité.

Nous désirions vous en proposer une seconde vidéo et puis, la saison a commencé... continué... s'est terminé... Bref, on a raté le coche, procrastiné, choppé la flemme... glissez la légitime insulte que vous désirez.  
Qu'à cela ne tienne, la vidéo était là, prête, montée et nous n'allions pas ad aeternam la délaisser. Donc, nous sommes heureux avec presque un an de retard, nous étions si jeunes à l'image, de vous la proposer avec son article dédié. Article que vous lisez actuellement et qui servira une nouvelle fois à expliciter et développer notre propos. Ce pour que vous puissiez être à même de vous interroger, tester, améliorer, mais aussi critiquer au plus juste du sujet.

"Que serions nous, si nous ne pouvions pas bitcher ?"
Baron de Sigognac, 23 septembre 2024. 

Une petite mise en garde avant d'aller plus en avant : comme nous sortons du couple classique blindeur / conquérant, des contre-offensives, contretemps  etc... sont parfois utilisés. Donc, ce n'est pas tout de suite pour tout le monde. Merci de ne pas vous surestimer ou de faire les cons. Je m'en sors très bien tout seul. Bisous. 


Contreur Vs Conquérant.

Ce n'est pas le plus simple. 

Dans la première illustration avec les dussacks le conquérant se fait surprendre par le contreur qui profite d'au moins une erreur de main de sa part. Naturellement c'est le contreur qui se voit aussitôt mis en avant. Non seulement, il a réussi avec le même geste à faire échouer l'offensive adverse, mais aussi à blesser scéniquement. Le Capitaine va bien je vous l'assure. De fait, nous pourrions voir un artiste ou un vieux briscard qui sanctionne un escrimeur moins performant ou qui après avoir poussé à bout son adversaire parvint à provoquer son erreur.
Imaginons une brute qui dès le départ se découvre de trop pour exploiter sa puissance ; un athlète qui frustré de se faire contrer depuis trop longtemps décide d'aller toujours plus vite et plus fort.

Cette technique est tirée du traité d'André Paurenfeindt Ergrundung Ritterlicher Kunst der Fechterey (1516), ici une illustration de la version éditée par Christian Egenolff en 1531


Avec la rapière, nous voulions vous proposer une phrase d'armes plus équilibrée. Cette fois-ci le conquérant arrive à user d'un contretemps pour continuer son offensive. Cependant, le jeu de pointe lui interdit d'espérer de rentrer de trop dans la distance, tout comme le contreur, ce qui ramène rapidement l'échange à quelque chose de plus classique. Ce tout en profitant du gain de rythme du premier coup, davantage percutant qu'une simple offensive-riposte. 

Avec les épées longues, plus permissives sur le combat rapproché, la lutte est davantage possible. Après tout, nous avons deux profils qui prennent l'initiative de l'attaque. Cela nous offre plus de possibilités pour casser la distance d'escrime au profit d'autres plus courtes. Ce que nous avons voulu illustrer. 

Naturellement, il ne s'agit là que d'exemples parmi d'autres. Et chacune des propositions faites peut s'adapter à n'importe laquelle des armes présentées. La difficulté repose surtout sur la maitrise des distances et de la sécurité que le profil du contreur impose. Par exemple, inutile de vous lancer si vous ou votre partenaire frappez (trop) fort. Surtout en taille. Encore plus si votre partenaire avance.

Soyez patients, mesurés, et répétez lentement, même si vous estimez en avoir les capacités. Croyez moi on se surestime bien trop souvent. Le résultat vaut ces efforts.


Contreur Vs Presseur


Si avec les rapières, le conquérant avait réussi par son habilité à exécuter un contretemps cela peut  devenir une vrai intention. Soit parce qu'il s'agit du profil principal de votre personnage, salut mon  briscard, soit parce que le conquérant, prend l'information que son adversaire joue le contre et s'adapte.

Ce duo fonctionne bien lorsqu'on montre un personnage soucieux d'engager le combat, mais prudent face un adversaire le mettant au défi de s'approcher de lui. Il est d'ailleurs plus facile à mettre en œuvre que le presseur contre conquérant. De quoi nous encourager à moins s'en priver. Restez tout de même vigilant.

Les styles identiques

Que ce passerait-il si un contreur rencontrait un autre contreur, un presseur un autre presseur etc...
Hé bien ! Pas grand chose. Le blindeur contre blindeur le montre. Au delà de l'aspect comique, nous remarquons bien qu'aucun des deux combattants n'arrivera à engager une quelconque action sans changer son approche. Cela vient de la nature du profil : fermeur, mais aussi défenseur. Il ne peut y avoir de jeu si les deux ferment. Tout comme il ne peut y avoir d'action si les deux ne font que décider de leur défense. Ainsi, blindeur contre blindeur, mais aussi presseur contre presseur et contreur contre contreur sont sur le papier injouables : étant tout les trois soit fermeur et/ou défenseur.
Certes un blindeur peut exécuter une offensive pour provoquer celle adverse, mais nous sommes déjà dans des adaptations.

 


En réalité seuls deux ouvreur-attaquant peuvent créer du jeu sans avoir besoin de s'adapter. Ce que nous avons voulu présenter. La complexité de la manœuvre repose sur la distance : elle doit prendre en compte que les deux partenaires vont gagner sur l'autre. Donc partir de plus loin.
Les attaques diagonales descendantes, Oberhau, brisés... se prêtent bien à ce jeu en s'annulant mutuellement. Souvent dans une position proche d'un engagement, l'impact en plus, les bras davantage allongés sans être tendus. 
Un exercice à l'épée longue pour appréhender cette situation serait justement de prendre sa distance à travers un engagement avant que chaque partenaire n'exécute un grand changement de garde arrière, puis, lentement, un brisé. Sans être parfait, cela reste plus complexe et technique que cela en a l'air, vous devriez avoir déjà une idée de son potentiel : celui de proposer deux corps qui s'élancent l'un vers l'autre.

En terme de rythme et pour un premier coup c'est intense et aide à accentuer des moments forts émotionnellement. Comme la rage.

 
 

Pour finir...

L'ensemble de ces propositions demeure bien sûr optionnel. D'une part parce que nos exemples n'en montrent que la surface et que d'autres part, je me répète, cela n'est pas à mettre dans toutes les mains. Enfin si, toutes les mains, mais uniquement quand elles sont prêtes. L'entrainement, les experts toussa toussa. Toutefois, nous sommes convaincus que cela peut vous éclairer sur les raisons qui rendent parfois un début de combat ou de phrases d'armes poussifs. D'excellentes factures ou non. Nous espérons même que vous aurez envie de jouer avec ces profils pour varier vos visuels et vos rythmes, ce afin de coller le plus possible avec vos personnages et histoires.

C'est en tout cas le sens que nous avons voulu donner à cette vidéo. Naturellement, ne vous sentez pas obligés de faire ce que nous vous proposons. Ni même d'être d'accord. Néanmoins si cela peut vous inspirer ou vous interroger c'est que nos objectifs se sont bien passés. 

C'était le Baron de Sigognac pour vous desservir

A bientôt.